Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

ments provoqués, avaient trait aux faits dont la connaissance est nécessaire pour mesurer le degré de la vie psychique des Protozoaires.

Une troisième méthode, celle des vivisections, est surtout propre à en révéler la nature et le siège.

La mérotomie ou division en parties des organismes s’opère au moyen de sections pratiquées avec une fine lancette ou par écrasement du corps cellulaire qui, si l’on comprime la lamelle qui le recouvre, éclate en un certain nombre de fragments. On donne le nom de mérozoïtes à ces parties séparées des Protozoaires.

Nous n’avons pas à faire l’historique des faits découverts par cette méthode depuis Eichhorn. Nous rappellerons seulement, après M. Balbiani[1] que Brandt (1877) avait observé que tous les fragments sans noyau meurent après un temps plus ou moins court. Pour que la régénération de l’animalcule ait lieu, la présence du noyau est nécessaire. En physiologie végétale, mêmes résultats. Mais ce furent surtout les expériences de Nussbaum (1885-86) et de Gruber (1885-86) sur la division artificielle des Infusoires (expériences qui ont inspiré le beau travail, encore inachevé, de M. Balbiani), qui démontrèrent que le noyau est indispensable pour la régénération de la forme spécifique et des organes, mais que son absence ne suspend, au moins pour un temps (de deux à trois jours en moyenne), ni la vie, ni la sensibilité, ni les mouvements, ni la nutrition, ni les sécrétions des mérozoïtes anucléés. Aussi Gruber considère-t-il le noyau comme l’élément qui, dans le processus de la reproduction et de l’Jiérédité, conserve et transmet le type spécifique.

Des expériences de M. Balbiani sur le Cyrtostome, il résulte que, seul, le mérozoïte nucléé peut se régénérer, c’est-à-dire reconstituer un individu complet, quoique de dimensions plus réduites, et cela au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures au plus tard. La sécrétion de la membrane d’enveloppe ou cuticule dépend du noyau. « Le noyau paraît jouer aussi un rôle dans les phénomènes trophiques du plasma. «  Le plasma du mérozoïte anucléé se désorganise, il s’imbibe, il se vacuolise, sa structure disparaît, ses cils se résorbent ; la vésicule contractile s’hypertrophie ou diminue de volume, ses pulsations, devenues irrégulières, se ralentissent ; enfin le plasma se perd par diffluence. Mais, si chez le mérozoïte anucléé, la digestion et l’assimilation subissent peut-être l’influence de l’absence du noyau, il est d’autres fonctions qui ne souffrent pas immédiatement de cette perte :

  1. Recherches expérimentales sur la mérotomie des Infusoires cillés. (Recueil zoologique suisse, V, 1888-1889, 1 sq.)