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j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

Galvanotropisme.

L’excitation électrique agit comme les autres excitants sur le protoplasma des organismes unicellulaires. Sous l’influence des courants galvaniques, les pseudopodes des Rhizopodes deviennent variqueux et se rétractent et le cocps de la cellule se contracte ; le rythme des cils s’accélère chez les Ciliés ; la substance myoïde, quand elle est différenciée, se contracte subitement, ainsi que le reste du cytoplasme. La hauteur du seuil inférieur d’excitation varie avec les espèces. Mais l’intérêt de ces expériences, c’est qu’elles provoquent chez les Protozaires des conditions de vie auxquelles ils ne sont point adaptés, puisque, à coup sûr, ils n’ont point à subir dans leurs milieux l’action de courants galvaniques d’une aussi forte intensité.

Un autre sujet d’étude s’offre ici : je veux parler des résultats contraires à la loi de l’excitation électropolaire que présente la réaction aux courants galvaniques de certains Rhizopodes. Dans ses recherches sur le protoplasma et la contractilité, Kühne avait observé sur L’Actinosphaerium Eichhornii, que, à la fermeture du courant constant, la contraction avait lieu à l’anode ; à l’ouverture du courant, à la cathode. C’est là, on le voit, un mode de réaction contraire à celui des nerfs et des muscles normaux. Ce n’est que dans la réaction de dégénérescence qu’il y a, à la fermeture du courant, excitation à l’anode, et, à l’ouverture, excitation à la cathode. Les observations et expériences nouvelles[1] instituées par Max Verworn sur trois formes de Rhizopodes, à l’effet de vérifier les phénomènes signalés par Kühne, sont confirmatives : à la fermeture du courant, il y a excitation à l’anode, mais les résultats diffèrent relativement à l’excitation produite à la cathode lors de l’ouverture du courant. M. Verworn en conclut que la loi de l’excitation polaire par le courant galvanique n’a pas encore le degré de généralité qu’on lui attribue, puisqu’il existe des substances excitables auxquelles cette loi ne s’applique pas.

Pour ce qui a trait à l’action directrice de l’électricité sur l’orientation des mouvements, au galvanotropisme, afin de s’assurer qu’il s’agissait bien, dans ce phénomène, d’une fonction physiologique, et non d’un effet physique, Verworn éthérisa des Paramécies ; dans la narcose, les mouvements des cils s’arrêtèrent ; toute orientation

  1. Max Verworn, Die polare Erregung der Protisten durch den galvanischen Strom. (Aus dem physiol. Institut in Iena.) Arch. f. d. ges. Phys., 1889.