Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

qu’une impulsion particulière dirige les anthérozoïdes vers les corps qu’ils doivent féconder. » Enfin, pour les cellules sexuelles des Fougères, entre autres, le fait de cette attraction n’avait pas échappé à Strasburger.

Les mouvements amiboïdes et les propriétés chimiotactiques des leucocytes ne sauraient être ici passés sous silence. La théorie des phagocytes, la phagocytose, ne s’explique même que par cette propriété des leucocytes d’être attirés par certaines substances et repoussés par d’autres. Metchnikoff ne parle pas de chimiotaxie ; il attribue encore à un « choix », à une « faculté de distinguer », les réactions motrices des leucocytes à certaines excitations. L’interprétation scientifique de ce phénomène n’a été trouvée que depuis les travaux de Peckelharing (1889), de J. Massartet Ch. Bordet (1890), de Gabritchewsky (1890) sur l’excitabilité et, en particulier, sur la chimiotaxie de ces cellules. Les expériences ont été instituées d’après la méthode de Pfeffer. Ce sont les cultures des Bactéries et les produits élaborés par ces organismes qui attirent surtout et en plus grand nombre les leucocytes : la phagocytose est donc fonction de ce mode d’excitabilité chimique des leucocytes. M. Gabritchewsky a en outre étudié les réactions chimiotactiques négatives, indifférentes et positives, des leucocytes à un certain nombre de substances organiques et inorganiques[1]. L’étude des propriétés chimiotactiques des leucocytes lui paraît de nature à éclairer les plus grands problèmes de la pathologie[2]. J’ajoute, avec Max Verworn, que la connaissance des excitants spécifiques des organismes unicellulaires et de leurs réactions particulières, permettra de se servir de ces « réactifs physiologiques », non seulement pour déceler les traces de substances déterminées dans les liquides (méthode des Bactéries d’Engelmann, etc.), mais encore pour mesurer avec une rare précision presque toutes les forces connues de la nature. On connaît déjà des Protophytes et des Protozoaires photométriques et chimiométriques ; ils sont certainement aussi thermométriques et galvanométriques. Enfin, après Stahl[3], M. Gabritchewsky a rappelé que la formation d’habitudes,

  1. Gabritchewsky, de Moscou, Sur les propriétés chimiotactiques des leucocytes. (Travail du laboratoire de M. E. Metchnikoff à l’Institut Pasteur.) Ann. de l’Institut Pasteur, 1890, 346 sq. V. les tableaux dressés par l’auteur, p. 357, 360-362.
  2. Outre les travaux de bactériothérapie de Heer (1888), V. dans le Bull. gén. de thérap., 30 sept. 1890, les recherches de Boinet et de Roeser, Sur l’action de la levure de bière sur le développement et la virulence des bacilles typhique, charbonneux, pyocyanique, etc.
  3. Mis une première fois en présence d’une dissolution de glucose à 1/4 ou 1/2 pour 100, le plasmodium d’Aethalium s’en écarte ; mais, si l’on répète plusieurs fois l’expérience, il est attiré vers la solution sucrée et oriente vers elle la direction de ses mouvements.