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j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

peptone, l’asparagine, la créatine, les sels de potassium, etc., ont le plus d’efficacité ; les hydrates de carbone n’ont qu’une valeur assez faible ; mais l’alcool, les acides libres, les alcalis, etc., possèdent une action chimiotaclique négative très prononcée. Ajoutez le degré de concentration des solutions qui, au delà d’une certaine mesure, change l’effet positif d’une substance en action négative. Par l’addition d’alcool, d’acide ou d’alcali à un excitant chimique doué d’un bon pouvoir d’attraction, on produit une action répulsive. Bref, il y a des substances à chimiotaxie négative, indifférente et positive. Pfeffer signale les analogies du chimiotropisme et de l’héliotropisme. Certaines plantes, en effet, ne présentent qu’un héliotropisme positif, d’autres qu’un héliotropisme négatif. Avec l’intensité croissante de l’éclairage, on voit l’effet positif de la lumière sur l’orientation des mouvements des plantes se transformer en effet négatif. La puissance de l’excitation varie avec la longueur d’ondes des rayons. De même, l’excitation chimiotropique varie avec la nature spécifiquement différente des substances.

Les propriétés chimiotropiques négatives des corps organiques ou inorganiques préservent bien les Protozoaires et les Protophytes de certaines substances nocives, mais non point de toutes. Si toutes les espèces paraissent fuir les milieux acides ou alcalins et l’alcool, maints organismes sont attirés par des substances qui sont pour eux des poisons violents[1]. Cela revient à dire qu’on surprend plus d’un défaut d’adaptation entre ces êtres et le milieu. La sensibilité spécifique de ces organismes peut servir, lorsqu’elle est connue, à caractériser des espèces et des variétés. Ainsi Pfeffer a noté la faible excitabilité chimiotropique des bacilles du typhus et du choléra : tant qu’on n’aura pas découvert des substances qui triomphent de l’espèce d’indifférentisme de ces bacilles aux excitants connus, on ne pourra repousser leur invasion et délivrer les organismes infectés au moyen de substances chimiques spécifiquement efficaces.

Le rapport existant entre l’excitant et l’intensité de la réaction a même trouvé son expression mathématique dans la loi de Weber[2]. « Tant que les effets de la chimiotaxie négative n’interviennent pas d’une façon perturbatrice, dit Pfeffer, les rapports exprimés dans la loi de Weber entre le stimulus et la sensation valent aussi pour les organismes que nous étudions ici. » Quant au rapport entre le stimulus et la réaction dans les phénomènes de chimiotropisme négatif, c’est à de nouvelles recherches qu’il appartiendra de l’établir. Il ne s’agit

  1. Pfeffer, I, 388.
  2. Pfeffer, I, 395 ; II, 633.