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en observant que le plasmodium d’Aethalium septicum est attiré vers l’infusion d’écorce de chêne dans laquelle il vit. Puis vinrent les observations et expériences de W. Pfeffer, de Rosen, de Zopf, d’Aderhold, sur les organismes végétaux inférieurs[1], celles de Massart et Bordet, de Gabritschewsky, sur les leucocytes.

W. Pfeffer, dans deux mémoires considérables[2] est jusqu’ici le savant qui a le plus approfondi l’étude des mouvements chimiotactiques non seulement des cellules sexuelles des Fougères et des Mousses, mais des Bactéries, des Flagellés et des Volvocinées. Peu d’auteurs se sont à ce point gardés des « hypothèses inutiles », comme s’exprime Pfeffer : il n’en a fait aucune. Il a décrit des phénomènes, cherché à réaliser leurs conditions, et, quand cela était possible, trouvé leur expression mathématique. Rien de plus ; mais c’est là toute la science, ainsi que nous l’avons écrit.

Le dispositif des expériences instituées par Pfeffer est des plus simples. Des tubes capillaires en verre, remplis du liquide à étudier, et fermés à la lampe à une extrémité, sont plongés dans un récipient, un verre de montre, par exemple, où nagent les organismes inférieurs soumis à l’expérimentation. Si ces organismes sont attirés par les substances chimiques, ils pénètrent dans le tube et y forment des amas plus ou moins considérables, en rapport avec l’intensité des réactions de leur sensibilité spécifique à l’excitation chimiotropique. Cette excitation, dont l’effet est de modifier la direction des mouvements et de les orienter vers l’excitant, s’il y a attraction, de les en éloigner, s’il y a répulsion, est tout à fait distincte de celle que le milieu exerce en général sur les mouvements. L’excitabilité de ces organismes diffère beaucoup avec les espèces. On trouve tous les degrés, dit Pfeffer, « depuis la sensibilité la plus exaltée jusqu’à la complète insensibilité[3] ». Stahl inclinait à penser que toutes les substances nutritives sont attractives ou positivement chimiotropiques. Pfeffer a établi que, en tout cas, la puissance d’attraction d’une substance n’est point proportionnelle à sa valeur nutritive. La glycérine, qui est une bonne nourriture pour les Bactéries, ne les attire pas. Parmi les substances, soit organiques, soit inorganiques, dont Pfeffer a démontré la chimiotaxie positive, la

  1. Cf. encore Ali-Colien, die Chemolaxis als Hülfsmittel der bacleriologischen Forschting (Ctr. Bl. f. Bakferiol. u. Parasit., 1er août 1890). Je n’ai pu lire ce travail.
  2. Locomolorische Richtungsbewegungen durch chemische Reize, Untersuchungen aus dem botanischen Institut zu Tübingen herausgegeben von Dr W. Pfeffer, I (Leipzig, 1881-1885), 363 sq. ; Ueber chemataktische Bewegungen von Bacterien, Flagellaten und Volvocineen, II (1886-1888), 582 sq.
  3. II, 617. Tout le chapitre VI.