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j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

d’Engelmann, de James Clark, de M. Verworn, que, sous l’influence des excitations chimiques, les Amibes, les Myxomycètes, les Héliozoaires, les Foraminifères rétractent leurs pseudopodes, se mettent en boule et suspendent leurs mouvements. À ces phénomènes généraux de contraction, il faut ajouter le rejet au dehors du contenu du corps, masses nutritives, granulations, particules de plasma et noyaux cellulaires.

Les effets des vapeurs d’éther et de chloroforme déterminent une véritable narcose, analogue à celle qu’a réalisée Cl. Bernard chez les végétaux. Les leucocytes soumis à l’action du chloroforme et du chloral hydraté perdent pour un temps leur sensibilité tactile et chimique : les leucocytes de la Grenouille ne sont plus attirés par les cultures des Bactéries (Massart et Bordet). Sous l’influence de la soustraction d’oxygène, Verworn a vu les mouvements des Rhizopodes persister quelque temps, puis se ralentir et s’arrêter. Après être restés vingt-quatre heures dans cet état de mort apparente, ces organismes recommencent à se mouvoir avec le retour de l’oxygène. Ce phénomène a été bien étudié chez les animaux et chez les plantes par W. Preyer, sous le nom d’anabiose.

Chez les Infusoires ciliés, où la division du travail physiologique permet une analyse plus délicate des réactions du protoplasma aux excitations chimiques, les effets de ces stimuli déterminent trois ordres de phénomènes moteurs relatifs : 1o aux mouvements des cils ; 2o à l’activité de la substance myoïde ; 3o au rythme des vacuoles pulsatiles. Au début, on note un stade d’excitation, suivi d’un ralentissement progressif et d’un arrêt. Les gaz et les vapeurs agissent à peu près comme les solutions. Un seul exemple : le Stentor cæruleus, après l’addition d’eau chloroformée, se contracte d’abord complètement en boule ; il revient ensuite à un état de demi-contraction, puis recommence à nager. Mais l’excitabilité réflexe de sa substance myoïde est encore très abaissée, car l’excitation électrique ou mécanique ne provoque point de contraction jusqu’à ce que le Stentor soit enfin sorti de sa narcose[1].

Quant à l’action qu’exercent les excitations de nature chimique sur l’orientation des mouvements chez les organismes unicellulaires, quant au chimiotropisme, ou à la chimiotaxie, il n’est point aujourd’hui, après l’héliotropisme, de phénomène mieux étudié.

Engelmann, puis Stahl, inaugurèrent ces recherches, l’un en montrant que l’oxygène exerce une action chimiotropique des plus puissantes sur la direction des mouvements des Bactéries ; l’autre,

  1. M. Verworn, l. l., 101, fig.  17.