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Verworn et Jacques Loeb ont désignés par les mots de thigmotropisme et de stéréotropisme[1] La propriété d’adhérer à la surface des corps solides, de ramper sur les surfaces immergées, aux parois des vases, etc., comme le font les Diatomées, les Oscillariées, les Infusoires hypotriches, n’est pas un effet de la pesanteur, mais du contact (Contactwirkung). Peut-être faut-il attribuer à cette même propriété de la matière vivante l’afflux du protoplasma des pseudopodes autour des particules alimentaires ou autres qu’on observe chez les Rhizopodes : ce seraient là des faits de stéréotropisme positif ; au contraire, les mouvements de recul et d’éloignement brusque des causes d’irritation mécanique, manifestés par les Flagellés et les Ciliés, seraient des faits de stéréotropisme négatif.

Le rhéotropisme, c’est-à-dire l’action directrice exercée par les courants sur les mouvements de certaines plasmodies, représente une forme spéciale du stéréotropisme positif[2].

Quant aux excitations acoustiques, proprement dites, elles ne sont pas encore différenciées chez ces organismes de l’excitabilité mécanique. Les ébranlements mécaniques, transmis directement d’un corps en vibration au milieu où se meuvent les Protozoaires, déterminent bien la rétraction des pseudopodes et la contraction du cytoplasme, mais non le son. Les expériences de M. Verworn, à l’effet de vérifier si les sons d’instruments à corde et de diapasons de hauteur et d’intensité différentes, transmis par l’intermédiaire de l’eau, mais sans contact, pouvaient produire une réaction quelconque, ont été tout à fait négatives.

Chimiotropisme.

Les réactions du protoplasma des organismes unicellulaires aux excitations chimiques sont extrêmement nombreuses et variées. Il n’existe pas encore d’étude systématique de ce genre d’excitabilité chez les Protozoaires et chez les Protophytes. C’est ainsi que l’action des alcaloïdes sur ces organismes est à peine connue, malgré les travaux de Rossbach. L’action des gaz et des vapeurs est mieux connue, ainsi que celle des acides, des alcalis et des sels. Chez les Rhizopodes, il résulte d’observations de Max Schultze, de Kühne, de Hofmeister,

  1. Errera (Bot. Zeit., 1884, 304, Anm.) avait proposé le mot haptotropisme pour désigner les actions de contact. Cf. W. Pfeffer, zur Kenntniss der Kontactreize, Untersuchungen aus dem bot. Institut zu Tübingen, 1, 1881-1885, 483 sq.
  2. Pour le rhéotropisme des Myxomycètes, cf. Stahl, Bot. Zeitung, 1884, 147.