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tout d’abord que l’étude de la pesanteur, du son, de la chaleur, de la lumière et de l’électricité constitue une physique, et non cinq physiques distinctes, et du même coup il définit la physique par opposition avec la chimie (p. 99). Ailleurs, il établit soigneusement la distinction souvent méconnue de l’histoire naturelle et de la science (p. 67) et la différence qui sépare les classifications empiriques des classifications scientifiques (p. 107). Ce sont là, on le voit, des notions capitales de logique et de philosophie des sciences qui sont la préface indispensable d’un cours de philosophie.

D’autre part, on trouvera dans cet opuscule une description succincte du système nerveux considéré au point de vue purement physiologique, c’est-à-dire dans sa triple fonction afférente, centrale et motrice, ces trois fonctions correspondant aux trois éléments irréductibles de l’arc réflexe, qui est la plus simple expression du système nerveux (schéma, p. 19). Un autre schéma, que nous croyons original, montre comment plusieurs arcs réflexes forment un système nerveux composé, et comment la subordination des centres complique indéfiniment les processus nerveux (p. 28). Tout cela fait de ce manuel un excellent guide pour les élèves ; car, si la classe de philosophie est le lieu de rencontre et de fusion des lettres et des sciences, ce livre est éminemment propre à mettre l’harmonie dans ces études diverses, à y faire régner l’ordre et l’esprit philosophique, et à réaliser cette unité de l’enseignement qui est, selon une parole autorisée[1], le plus grand bienfait du cours de philosophie.

Mais ce ne sont encore là que les mérites extérieurs de l’ouvrage ; nous ne faisons que les signaler en passant, car nous avons hâte d’en faire connaître le plan et les idées principales. L’auteur s’est proposé de prouver que la psychologie est une science. Après un premier chapitre, où il définit la science psychologique et les faits psychiques qui en sont l’objet, il se pose dans le deuxième chapitre cette question : Étant donnée l’étroite solidarité des phénomènes psychologiques et physiologiques, faut-il admettre que la conscience ne soit qu’un « luxe » ou qu’un « reflet » ? (P. 24.) À la théorie des physiologistes, qui est fortement et vivement présentée (p. 30)[2], il répond par ces deux propositions (p. 35) : 1o Il y a une différence essentielle entre le fait psychique et le fait physiologique ; 2o Si l’existence du premier est souvent déterminée par le second, elle est aussi parfois déterminante. Pour les démontrer, il a eu recours en partie aux arguments traditionnels, mais il les a exposés avec une rigueur toute scientifique qui les rend méconnaissables. De plus, il leur a associé des arguments plus neufs et plus profonds, qui se ramènent en somme à celui-ci : Le fait

  1. Instructions, programmes et règlements de l’enseignement secondaire, p. 107. (Imprimerie nationale, 1890.)
  2. Nous prions à ce propos le lecteur de remplacer dans cette page, ligne 22, « point » par « trait », et page 62, ligne 20, « opération » par « observation ».