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tats auxquels est arrivé Jacques Loeb en étudiant les mêmes phénomènes chez des organismes plus élevés, chez les Insectes et même chez les Vertébrés. Un fait peu connu jusqu’ici (mais non « inconnu »), c’est que l’héliotropisme d’un animal ne se manifeste le plus souvent qu’à une époque déterminée de sa vie. Ainsi les chenilles de Porthesia chrysorrhoea ne sont positivement héliotropiques que lorsqu’elles sortent en rampant du cocon où elles ont passé l’hiver et sont encore à jeun. Les Fourmis ailées ne le sont qu’à l’époque du vol nuptial : avant, elles étaient encore pour ainsi dire indifférentes à la lumière ; après, l’héliotropisme fait place chez elles à une autre forme d’excitabilité, au stéréotropisme par exemple. Aucun phénomène ne montre mieux que l’excitabilité d’un animal peut être de nature tout à fait opposée à l’état de larve et à l’état de maturité sexuelle. Ainsi, les larves de Mouches sont négativement héliotropiques, l’imago de la Mouche est positivement héhotropique. À la vérité, les Chenilles se comportent tout à fait comme l’insecte parfait relativement à la lumière. Les Papillons de nuit sont, comme les Papillons diurnes, positivement héliotropiques : c’est parce que le sommeil périodique des Papillons nocturnes tombe aux heures du jour que leur héliotropisme ne se manifeste qu’aux heures de nuit.

Aux faits qui, tels que le vol nuptial des Fourmis ailées, démontrent que l’héliotropisme coïncide souvent avec la sexualité, ajoutons que, chez les Fourmis comme chez les Papillons, les mâles sont héliotropiquement plus excitables que les femelles.

L’orientation de tous les mouvements héliotropiques, positifs ou négatifs, est uniquement déterminée par la direction des rayons d’une source lumineuse quelconque, et non par la différence d’intensité de la lumière. Ainsi, les animaux positivement héliotropiques se portent vers la source lumineuse même en passant d’un point de l’espace plus éclairé en un point de moindre intensité lumineuse. De même, les animaux négativement héliotropiques, qui se meuvent en sens contraire, passent d’un point de l’espace moins éclairé en un autre de plus haute intensité lumineuse. L’intensité de la lumière n’a d’autre effet que de provoquer les mouvements héliotropiques et, en augmentant, de rendre ceux-ci plus nets. Au crépuscule, il y a un moment où la lumière du ciel ne modifie plus la direction des mouvements. Chez les insectes ailés (Fourmis, Papillons, Pucerons, etc.), la lumière directe du soleil détermine le vol ; sous la lumière diffuse du ciel, les mouvements héliotropiques ne se manifestent d’ordinaire que par la marche. Ce n’est que dans certaines limites de température que ces mouvements ont lieu, et, en outre, chez les animaux comme chez les plantes, il y a un degré de