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dans l’obscurité, Engelmann prend comme dans un « piège » les Bactéries attirées : elles entrent bien, mais elles ne peuvent plus sortir. Si l’on abaisse subitement l’intensité lumineuse (en obscurcissant le miroir du microscope), les Bactéries se rejettent tout à coup en arrière, d’un mouvement de recul qui peut atteindre jusqu’à vingt fois leur longueur : ce mouvement, Engelmann, tombant dans le péché d’anthropomorphisme, l’a appelé « mouvement de frayeur » (Schreckhewegung).

Chez les Rhizopodes, on ne connaîtrait que deux formes qui réagissent à la lumière. Les Radiolaires ne laissent point paraître le moindre indice de ce genre de sensibilité (Brandt). Chez les Foraminifères, Verworn ne saurait dire s’il faut attribuer à l’action directe de la lumière les mouvements très lents de ces Protozoaires du côté éclairé du vase. Les Flagellés, au contraire, auxquels on rattache les spores mobiles des Algues, réagissent avec une sensibilité délicate à la lumière, surtout les espèces à chlorophylle. Ce sont les rayons les plus réfrangibles du spectre qui ont la plus grande efficacité sur les mouvements de ces organismes. Les rayons les moins réfrangibles, le rouge, le jaune, le vert, ou sont beaucoup moins efficaces, ou demeurent sans action, comme chez les végétaux.

Les expériences de Verworn sur les Diatomées ont confirmé celles de Stahl : à un faible éclairage, à la clarté diffuse du jour, les Diatomées se rassemblent du côté de la lumière ; sur le bord opposé de la goutte d’eau on ne découvre plus un seul individu. Chez les Diatomées aussi, les seuls rayons efficaces sont les plus réfrangibles ; les autres restent sans influence sur la direction des mouvements. Nous disons sur la direction des mouvements, phénomène d’héliotropisme, non sur les mouvements que manifestent, par exemple, les Diatomées, lorsque, la tension de l’oxygène étant trop basse, on les voit se porter dans les rayons rouges du spectre, où le dégagement de l’oxygène a lieu au maximum aux dépens de la chromophylle de ces Protozoaires eux-mêmes. Verworn a trouvé les Oscillariées remarquablement phototactiques : l’orientation de leurs mouvements dépend de la moindre intensité lumineuse. Seulement elles sont sensibles aux rayons de toutes les longueurs d’ondes, et non pas seulement aux rayons les plus réfrangibles. Quant aux Ciliés, Engelmann avait observé qu’après la soustraction de l’oxygène, dans l’obscurité, leurs mouvements deviennent inquiets ; si l’on expose la préparation à la lumière, les Algues contenues dans le corps des Ciliés dégagent alors assez d’oxygène pour faire rentrer en repos ces Protozoaires : les mouvements observés étaient donc uniquement l’effet de la tension de l’oxygène sur ces infusoires. Mais sont-