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III

Les recherches classiques d’Édouard Strasburger touchant l’Action de la lumière et de la chaleur sur les spores mobiles (1878), ont inauguré l’ère scientifique de ces études. On peut dire que les travaux d’Engelmann et de Stahl sur les réactions motrices du protoplasma des organismes les plus inférieurs, sous l’influence de la lumière, n’ont fait que développer et étendre à différentes familles les principales propositions de Strasburger. Voici quelques-unes de ces thèses : « La direction du mouvement de certaines spores mobiles est influencée par la lumière ; je les appelle des spores phototactiques. — L’action se fait sentir sur le protoplasma, et non sur les matières colorantes qui peuvent s’y trouver. — Les spores réagissant à la lumière se meuvent dans la direction du foyer lumineux. — Les rayons bleus, indigos et violets ont seuls de l’influence sur les spores mobiles phototactiques. » Mais, si l’héliotropisme, comme l’a démontré J. Loeb, est un phénomène identique chez les plantes et chez les animaux, il faut ici reconnaître au maître de la physiologie végétale, à Sachs, le mérite d’un précurseur. On sait avec quelle précision il a déterminé, chez les plantes, les conditions du phénomène en vertu duquel elles s’infléchissent vers la lumière, Pour montrer que les rayons les plus réfrangibles du spectre sont seuls actifs dans l’héliotropisme, Sachs exposa deux caisses de plantes, l’une à la lumière bleue, l’autre à la lumière rouge. La lumière arrivait à la première après avoir traversé une dissolution cupro-ammoniacale (bleu foncé), qui retenait les rayons rouges, jaunes et une partie des rayons verts ; elle arrivait à la seconde après avoir traversé une solution saturée de bichromate de potasse, qui ne laissait passer que les rayons rouges, jaunes et une partie des rayons verts. Sachs s’était servi, comme après lui J. Loeb, de liquides colorés absorbants au lieu de rayons de lumière spectrale, parce que ces rayons contiennent toujours de la lumière blanche diffuse, et que cette lumière, même à un très faible degré d’intensité, suffit à provoquer l’héliotropisme. Or, sous l’influence des rayons les moins réfrangibles, dans la lumière rouge, les tiges des plantes demeurèrent verticales, quelle que fût l’intensité de la lumière, alors que, sous l’effet des rayons les plus réfrangibles, dans la lumière bleue, les tiges s’incurvèrent du côté du foyer lumineux, comme elles le font dans la lumière blanche. Enfin Sachs avait noté que, si cer-