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j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

appellera le sens du goût chez les Métazoaires. À cet égard, les expériences de Pfeffer, dont il sera parlé plus loin, nous paraissent singulièrement démonstratives. Mais les excitations chimiques, non plus que celles de la lumière elle-même, ne semblent pas produire de réactions, au moins appréciables, chez tous les Protozoaires. Quant aux excitations purement acoustiques, elles ne seraient suivies d’aucun effet. Il en résulte que les fonctions de nos sens spéciaux n’ont pas encore atteint le degré de généralité de celles de la sensibilité générale.

Comment se rendre compte de l’action véritable de tous les modes de stimulation qu’exercent les forces naturelles sur le protoplasma des organismes unicellulaires ?

Nous l’avons dit, par l’observation des réactions motrices, des mouvements. En général, chez les Rhizopodes, l’excitant, quel qu’il soit, thermique, chimique, galvanique, mécanique, détermine une rétraction des pseudopodes et la contraction en sphérule du corps cellulaire. Chez les Flagellés et chez les Ciliés, l’excitant a pour effet une modification du rythme et de la vitesse des cils et des flagellums, ainsi qu’une contraction des substances myoïdes. Mais un caractère commun à tous les effets des causes d’excitation, ce sont les phénomènes tropiques. Après avoir insisté sur les phénomènes d’héliotropisme, nous résumerons donc brièvement les observations relatives au thermotropisme, au thigmotropisme (M. Verworn) ou stéréotropisme (J. Loeb), c’est-à-dire à un mode d’excitabilité répondant aux contacts, au rhéotropisme, au chimitoropisme, à l’hydrotropisme, au galvanotropisme, au géotropisme.

La direction, positive ou négative, vers la source d’excitation ou en sens contraire, imprimée aux mouvements des Protozoaires par les stimuli énumérés, est en beaucoup de cas fonction de l’intensité de l’excitation. Par exemple, quand l’intensité lumineuse dépasse une certaine limite, de positif qu’il était, l’héhotropisme devient négatif. Pour les excitations de nature chimique, les rapports entre l’intensité du stimulus et celle de la réaction de l’organisme ont pu être notés avec une précision suffisante pour que Pfeffer ait cru pouvoir appliquer à ces phénomènes les lois de la psychophysique. En tout cas, le seuil d’excitation (Reizschwelle), différent pour chaque forme de Protozoaires et de Protophytes, a pu être quelquefois scientifiquement déterminé.