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j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

admettre que la propriété de réagir aux excitations lumineuses est imminente au corps protoplasmique tout entier.

Chez aucun Protozoaire il n’existe d’organoïde différencié pour les sensations thermiques. Les taches de pigment dont nous venons de parler ne sauraient non plus servir d’organes thermo-esthétiques, puisque ce sont précisément les rayons les moins chauds du spectre qui exercent le plus d’influence sur les mouvements de ces êtres. Comme ils réagissent tous à la chaleur, il faut admettre aussi que c’est là une propriété générale du protoplasma. De même pour la sensibilité aux excitations chimiques et galvaniques. Peut-être, cependant, chez les organismes unicellulaires pourvus de cils et de flagellums, ces organoïdes sont-ils plus sensibles que le protoplasma de la cellule elle-même. Pour les excitations acoustiques, pas la moindre trace non plus d’organoïde différencié, les prétendues vésicules auditives n’ayant rien de commun avec la fonction de l’audition.

C’est uniquement pour les excitations mécaniques qu’on peut surprendre les premiers indices d’une différenciation d’organoïdes plus nettement affectés à ce genre de stimulations. Chez les Rhizopodes, où toutes les parties du corps sont également excitables, si bien que chaque partie de la masse protoplasmique réunit en soi, avec les propriétés d’un agent de transmission, celles d’un organe périphérique des sens, d’un organe central, et d’un organe de contractilité et de motilité, on ne saurait parler encore de cette différenciation. Peut-être, comme Haeckel l’admet pour les Radiolaires, la couche externe du corps, l’exoplasma, fonctionne-t-elle comme un organe périphérique des sens, l’endoplasma comme un organe central. Mais, chez les Flagellés et les Ciliés, les cils et les flagellums ont décidément une excitabilité plus grande que le reste du corps. Voici en quels termes Verworn parle de ces appendices différenciés, simples expansions du protoplasma cellulaire : « Le fouet des Flagellés est un organoïde de sensibilité qui, chez certaines formes, présente le type d’une vraie cellule neuro-musculaire au sens de Kleinenberg ; le fouet exerce ici la fonction d’un organe de sensibilité générale, le cytoplasme celle d’un organe central, et la substance myoïde celle d’un organe moteur terminal. Les rapports directs de ces trois parties rendent inutiles des organes spéciaux de transmission des excitations centripètes ou centrifuges. Il faut bien noter que chacune de ces parties n’exerce que d’une façon prédominante la fonction qui lui est attribuée, et qu’elle possède en outre à un certain degré les fonctions des deux autres. On ne saurait songer ici à une différenciation aussi complète que chez les animaux supérieurs… Chez les Ciliés, ce sont aussi les cils qui sont le plus excitables ; le