Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

Protophytes, non chez les animaux supérieurs, que la psychogenèse doit être étudiée.

Ces organismes élémentaires, le disciple de Haeckel les appelle presque toujours Protistes, du nom que le célèbre professeur a donné à son troisième règne organique. Nous ne dirons rien de cette classification, qui ne touche pas à notre sujet. Le règne des Protistes ne paraît pas avoir grand’chance d’être jamais universellement reconnu par les naturalistes. Si, comme l’a écrit Cl. Bernard, la séparation des êtres vivants en deux règnes ne peut être fondée que sur des différences morphologiques, non sur la nature des phénomènes des plantes et des animaux, il est clair que l’avènement d’un troisième règne est au moins inutile. « Actuellement, écrit Maupas, ni la physiologie ni la morphologie ne fournissent de caractère exclusif appartenant à l’un ou à l’autre des deux règnes. Quand on étudie les êtres amphibologiques qui grouillent dans les bas-fonds du monde vivant, on peut être quelquefois embarrassé pour savoir où les classer. Il faut alors s’inspirer de l’ensemble des caractères et, sans avoir recours à un troisième règne, on arrive presque toujours à leur trouver des tendances et des affinités qui permettent de leur assigner une place dans les cadres actuels[1]. »

Quelques mots encore sur la biologie cellulaire, avant d’exposer les méthodes et les résultats des recherches de nos auteurs. La psychologie cellulaire repose, comme la physiologie cellulaire dont elle n’est qu’une province, sur l’étude des fonctions du protoplasma végétal ou animal. Les conditions des fonctions psychiques du protoplasma appartiennent aux mélanges vivants de combinaisons chimiques qui constituent ce corps naturel. « Le protoplasma, en effet, n’est pas une combinaison chimique : c’est un mélange de combinaisons chimiques, solides et fluides, très complexes, qui, pendant la vie, se trouvent dans un état de décomposition et de rénovation rapide, ininterrompue, de sorte qu’il est difficile de démontrer la préexistence, avec ses propriétés invariables, d’une seule des combinaisons chimiques extraites du protoplasma[2]. » Le protoplasma du noyau, que Bernard appelait déjà une manière de nébuleuse, un appareil de synthèse organique et de reproduction cellulaire, diffère constamment du protoplasma de la cellule. Or toutes les fonctions de la vie existent déjà, en une sorte de confusion chaotique, dans le proto-

  1. Maupas, Sur la position systématique des Volvocinées, et sur les limites du règne végétal et du règne animal (C. R. de l’Acad. des sc., 1879, t.  LXXXVIII, 1274).
  2. W. Preyer, Éléments de physiologie générale (Paris, Alcan), p. 150 et 198 de notre traduction.