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forme graphique du pouls présente un changement que l’on peut retrouver d’ailleurs à la suite d’un effort local[1]. La respiration est modifiée[2], les fonctions sécrétoires de la peau sont diminuées[3], la sécrétion rénale est modifiée[4], etc. Mais le fait le plus important c’est que la quantité d’oxyhémoglobine diminue dans le sang après l’accès et cette diminution qui dure quelquefois plusieurs jours s’accompagne d’altération des éléments figurés du sang[5]. La diminution de l’oxyhémoglobine dans le sang dans cette circonstance nous montre qu’une décharge nerveuse peut produire des effets analogues à une perte de sang. Du reste, à la suite de la saignée nerveuse opérée par la décharge épileptique, on peut constater quelquefois que la diminution de l’oxyhémoglobine continue encore à s’accentuer longtemps après le paroxysme, tout comme elle s’accentue à la suite d’une hémorrhagie par rupture vasculaire.

Cette altération n’est pas sans intérêt au point de vue de l’interprétation des phénomènes psycho-moteurs qui suivent la décharge épileptique et en particulier des modifications de l’énergie et de la rapidité des mouvements volontaires.

Les paralysies post-épileptiques ont été considérées d’abord par Todd et Robertson comme dues à l’épuisement du cerveau qui succède à la décharge paroxystique. Cette théorie fort simple peut être rapprochée de celle de Schrüder van der Kolk qui considérait la décharge nerveuse, qu’il localisait dans le bulbe, comme comparable à la décharge paroxystique de la bouteille de Leyde. Elle est d’ailleurs conforme à la théorie de la fatigue qui est actuellement considérée par la plupart des physiologistes comme un phénomène central. Elle a été adoptée et défendue par Hughlings Jackson, mais attaquée notamment par Gowers.

Les objections à la théorie de l’épuisement me paraissent faciles à combattre.

Comment se fait-il que la paralysie soit plus fréquente à la suite

  1. Note sur l’influence de l’exercice musculaire localisé sur la forme du pouls. (C. R., Soc. de biol., 1888, p. 253.) — Note sur les modifications du pouls dans le paroxysme épileptique. (Nouv. Icon. de la Salpétrière, 1888, p. 120.)
  2. Note sur les phénomènes mécaniques de la respiration chez les épileptiques. (C. R., Soc. de biol., 1888, p. 134. Nouv. Icon. de la Salpétrière, 1888, p. 70.) — Note sur la circonférence thoracique et la capacité vitale chez les épilepliques. (Ibid., 1889, p. 346.)
  3. Phénomènes d’épuisement consécutifs à l’accès d’épilepsie. (C. R., Soc. méd. des hôp. de Paris, 1888, p. 388.)
  4. Note sur la plus grande rapidité de l’élimination de certains médicaments par les urines à la suite des accès d’épilepsie. (C. R., Soc. de biol., 1888, p. 113.)
  5. Note sur l’altérabilité des globules rouges et sur la présence temporaire d’un grand nombre de globulins dans le sang des sr après les accès. (C. R., Soc. biol., 1889, p. 213.)