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analyses. — ch. letourneau. Évolution de la propriété.

Il nous reste à indiquer brièvement en quoi consiste chacun des ouvrages que nous étudions. Le Cercle chromatique contient, indépendamment du cercle lui-même[1], un exposé assez développé de toute la théorie et de ses applications aux divers ordres de sensibilité.

Quant au Rapporteur esthétique, tracé sur toile à calquer, il est accompagné d’un texte très court ne comprenant, en dehors d’une instruction pratique, qu’un simple résumé de la théorie ; mais ce texte est suivi d’un intéressant appendice contenant notamment une table des nombres rythmiques depuis 1 jusqu’à 8 589 934 590, des graphiques donnant les tensions artérielles, dans une endopéricardite, suivis de leurs formules de rythmes et de mesures, et enfin deux planches accompagnées des tableaux des rythmes et mesures des figures.

Georges Lechalas.

Ch. Letourneau. L’Évolution de la Propriété. 1 vol.  de la Bibliothèque anthropologique, in-8o, t.  XXV, 521 p.. Paris, Lecrosnier et Babé, 1889.

M. Ch. Letourneau nous donne aujourd’hui, avec son important travail sur l’Évolution de la Propriété, la suite de ses études sociologiques. Les lecteurs de cette Revue, qui a analysé les précédents ouvrages du même auteur sur l’Évolution de la Morale et l’Évolution de la Famille, connaissent déjà sa méthode ; elle découle de la conception évolutionniste : considérer les tribus sauvages et les civilisations inférieures du présent comme une « préhistoire vivante », essayer de relier le développement social qu’ainsi considérées elles nous révèlent, à celui que l’histoire proprement dite nous fait connaître, et à l’état actuel des choses, de manière à obtenir une vue d’ensemble de l’évolution ; ne pas craindre, pour atteindre ce résultat, l’accumulation des faits et rester (au moins en apparence) très sobre de généralisations et d’hypothèses : tels sont les principaux traits de cette méthode. Pour l’attaquer dans sa généralité, il faudrait s’en prendre à la théorie de l’évolution elle-même, et nous n’avons nulle envie de le faire. Mais qu’il nous soit permis de faire du moins une observation sur le mode d’exposition adopté par M. Letourneau. Nous ne pouvons sans doute que le féliciter de l’abondance de ses informations, et si quelques lapsus ont pu se glisser dans une telle multiplicité de détails il serait peut-être quelque peu puéril d’y insister. Mais il nous semble qu’on pourrait désirer que ces faits parlassent toujours plus nettement et plus vite à l’esprit. M. Letourneau n’a-t-il pas trop voulu rapprocher la méthode d’exposition de la méthode des découvertes ? Que le chercheur commence par

  1. Le rouge est en haut, le jaune à droite, le bleu verdâtre en bas et le bleu violâtre à gauche. À partir du centre blanc, chaque couleur tend, suivant un rayon, vers la saturation ; puis il y a dégradation vers le noir, la couleur demeurant d’ailleurs saturée.