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analyses. — ch. henry. Cercle chromatique.

ensuite une radiation lumineuse dont l’action est soumise aux mêmes lois, en sorte qu’on peut ramener l’étude de l’action des pigments sur nos sensations à l’étude toute objective des modifications qu’ils font subir aux radiations lumineuses. Telle n’est aucunement la manière de procéder de notre auteur : remarquant le fait que le mélange des pigments produit du noir, tandis que le mélange des lumières produit du blanc, ce qui tient simplement à ce que le mélange des lumières constitue une addition des excitants, tandis que celui des pigments en constitue une soustraction, chacun d’eux ayant pour effet d’éteindre certaines radiations, il en conclut à deux modes d’action tout différents sur notre sensibilité. Considérant les pigments comme des excitants, il dit que le noir résulte de la simultanéité des sensations colorées qu’ils provoquent, alors qu’il est notoire que le mélange des pigments n’a nullement pour effet de rendre simultanées les sensations qui leur répondent individuellement. De tels procédés nous causent une réelle inquiétude, car il nous semble toujours qu’ils échappent à la réalité des faits, sans que nous puissions dire, cependant, qu’ils doivent forcément conduire à des résultats différents d’une méthode plus objective.

Au risque de paraître chercher systématiquement chicane à M. Ch. Henry, mais en réalité à cause de la peine que nous éprouvons à trouver des énonciations hasardées, de nature à inspirer des inquiétudes sur la valeur absolue d’une œuvre dont nous désirons si vivement la vérité, nous signalerons de prétendues apparences colorées de la lumière blanche » : d’après lui, le bleu du ciel et des eaux, les tons orangés du disque solaire à l’aurore et au crépuscule ne seraient aucunement dus à l’extinction d’une partie des radiations, mais bien à ce que, la lumière restant blanche dans tous ces cas, la sensation se projette en des directions différentes, suivant ses degrés divers d’intensité. Ainsi M. Ch. Henry sans avoir, croyons-nous, à citer aucune expérience objective contre ces phénomènes d’extinction auxquels croient tous les physiciens, Helmholtz en tête, avec preuves à l’appui, les écarte sans discussion pour ce seul motif que sa théorie lui permet de s’en passer : c’est toujours la même prédominance du point de vue subjectif. Nous ne prétendons d’ailleurs aucunement que des phénomènes d’ordre subjectif ne se produisent pas aussi dans les cas cités. M. Henry n’a pas développé ce qui concerne les sensations auditives, dans son article de la Revue philosophique, et ce qu’il dit à ce sujet est pourtant fort intéressant. Il convient donc d’entrer dans quelques détails, tout en nous limitant à signaler les résultats les plus importants. Le fait que, suivant que le contraste est simultané ou successif, les intervalles adoptés comme unités doivent être plus grands ou plus petits, explique cet autre fait, constaté, de 1869 à 1873, par MM. Cornu et Mercadier, qu’il existe deux gammes différentes pour la mélodie et l’harmonie, conformément au tableau suivant :