Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVIII, 1889.djvu/567

Cette page n’a pas encore été corrigée
557
revue des périodiques étrangers

médiaire entre l’Orient et l’Occident. Mais la vraie source où Michel-Ange a puisé pour les représenter, ce n’est pas la poésie sibylline, c’est la philosophie platonicienne, telle surtout qu’elle se trouve exposée dans le Phèdre. De même le Jonas, qui occupe parmi les prophètes la place de la delphique parmi les sibylles, exprime l’essence du platonisme socratique. Si l’Adam de Michel-Ange est le point de départ, son Jonas est le point d’arrivée dans le développement et le perfectionnement de l’esprit raisonnable de la vraie humanité : il est l’homme véritable au sens de Pic de la Mirandole.

Dans un troisième article, Kaiser examine les statues que Michel-Ange a sculptées pour le tombeau des Médicis. La République de Platon est la source à laquelle Michel-Ange a puisé pour la composition cyclique de la sacristie de San Lorenzo, comme pour les deux figures idéalisées de Julien et de Laurent de Médicis, comme pour les deux couples de figures allégoriques.

Wilhelm Schuppe. Les propositions sans sujet. — Sous ce titre Miklosich a publié un livre[1] dont Schuppe combat les conclusions en se plaçant surtout à un point de vue logique, en reprenant et en éclaircissant les idées développées dans sa Logique de la théorie de la connaissance.

Herbert Baynes. D’où sont les Chinois ? — Dans un article écrit en anglais, Baynes soutient qu’en disséquant les mots, on fait l’histoire de la civilisation et il établit, par une analyse linguistique nationale et internationale, que les premiers chefs des Chinois empruntèrent leur culture à l’Elam, qu’ils habitaient d’abord au sud-est de la Caspienne, puis se dirigèrent vers l’est, en longeant l’Oxus et un de ses affluents, entrèrent dans le Turkestan, suivirent le Tarim et arrivèrent ainsi au fleuve Jaune, dont la renommée était déjà sans doute assez grande pour le faire considérer comme un endroit favorable à la colonisation.

Dr J. Goldziher. De la langue des gestes et des signes chez les Arabes. — On a depuis dix ans montré combien l’étude de la langue des gestes et des signes (Geberden und Zeichensprache) pouvait servir à la solution des questions de psychologie ethnique. Goldziher donne à ce point de vue quelques indications tirées de l’arabe.

II rappelle certaines expressions, parler avec sa main, avec ses doigts, avec son bâton, etc. ; il cite, d’après Porter, l’habitude qu’ont les Arabes de communiquer par des signes qu’ils considèrent comme plus expressifs que les mots ; il rappelle que chez les Arabes anté-islamites, on marquait ses intentions en frappant avec un bâton, en plaçant deux bâtons d’une façon déterminée, etc. Puis il signale, dans la littérature mahometane, les recueils d’expressions du prophète qui ont coutume de maintenir, avec une exactitude exagérée, la matière dont le maître a parlé. Le rapport de certains gestes avec l’affirmation et la négation cause une certaine surprise à tous ceux qui visitent l’Orient : ainsi les

  1. Voyez sur cette question notre compte rendu de la Vierteljahrsschrift für Wissenschaft. Philosophie, dans la Revue philosophique, avril 1889, p. 430.