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de la pensée logique, dans le rêve, etc.). Si l’on ne veut pas par conséquent admettre le miracle (das Wunder) et dire que le cerveau, travaillant mécaniquement à l’origine, devient logique par l’addition d’une certaine intensité de son action mécanique, il faut considérer le cérébral comme soutenant une action réciproque avec un autre principe, auquel il peut préparer des arrêts et des résistances, mais qui, par cela même qu’il conditionne l’ordre logique des états intérieurs, n’est pas identique avec lui.

Le souvenir est la propriété, non seulement de l’âme, mais aussi de la matière organisée ou tout au moins de la substance nerveuse (les réflexes acquis). Une série déterminée d’impulsions nerveuses se forme, dont dépend l’ordre correspondant et normal des mouvements musculaires. Ces mouvements sont appris quand les dispositions des parties, restes des excitations, sont devenues habituelles. Des faits et des rapports analogues se trouvent dans les système nerveux, où une série de représentations, acquise par le souvenir, est ensuite de nouveau mise en circulation. Qu’il y ait conscience ou non, les processus physiologiques qui les conditionnent sont les mêmes selon toute apparence ; seulement dans le premier cas, il y a aperception et le processus nerveux qui accomplit les mouvements est accompagné des représentations de mouvements qui y correspondent et qui, comme telles, viennent de la conscience. L’aperception a comme préparateur (Begleiter) un état physiologique : il faut, pour que la conscience apparaisse, que le processus nerveux ait plus d’intensité et de persistance, qu’on ait dépassé le seuil au-dessous duquel elle reste absente. Il ne faut pas dire que le psychique est une partie de la substance nerveuse, car il ne s’agit ici que d’événements : le psychique se représente comme une partie intégrante et interne du cérébro-spinal, mais il s’en distingue spécifiquement.

Entre les deux séries, il y a action réciproque, mais l’événement psychique forme, pour l’événement physiologique qui l’accompagne, le centre donnant le plus sur le dedans, c’est-à-dire sur la conscience du moi. Les actes cérébro-spinaux ont une influence sur la production et l’interruption du psychique, mais la conscience du moi ou le moi a pour les événements psychiques auxquels il est lié des conséquences déterminées, tandis que ces faits agissent à leur tour sur le nerveux qui va parallèlement à tout le psychique. Notre corps, c’est-à-dire la somme des événements physiques, physiologiques et biologiques, se distingue des autres corps, parce qu’il soutient d’autres rapports avec le psychique interne, parce que, combinant les impressions externes vers le dedans, les impulsions psychiques vers le dehors, il n’est pas simplement une chose parmi les autres, mais qu’il les domine, dans une certaine mesure, en leur servant de centre. Entre le corps, intermédiaire entre le monde extérieur et l’âme, et le domaine des phénomènes psychiques se trouve le système nerveux avec le cerveau, qui constitue un centre et non uniquement une partie du corps. À la place de la