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le congrès de psychologie physiologique de 1889

peuvent être endormis ; d’après la troisième, enfin, et c’est celle du rapporteur M. Ochorowicz, tout le monde n’est point hypnotisable, la sensibilité hypnotique est une prédisposition spéciale à certains individus, mais ce n’est point une maladie latente et elle n’est pas plus fréquente chez les malades que chez les sujets sains : beaucoup d’hystériques ne sont point hypnotisables. L’opinion de M. Bernheim, qui est appuyée par MM. Delbœuf et Forel (Zurich), se rapproche en fait beaucoup de celle de M. Ochorowicz, puisque M. Bernheim admet comme condition presque indispensable chez le sujet que l’on veut hypnotiser une certaine « impressionnabilité ». C’est la manière de voir qui semble prévaloir dans le Congrès.

D’après M. Ochorowicz, l’hypnose n’est pas un état morbide, mais c’est un état anormal et artificiel, qui ne peut être assimilé de tous points au sommeil naturel. Il conviendrait d’instituer des expériences pour établir nettement les caractères physiologiques et psychologiques qui les distinguent l’un de l’autre. M. Ch. Richet a exposé la question des mouvements inconscients à l’état de veille et de l’écriture automatique ; il a rappelé ses propres travaux, ceux de M. Fréd. Myers et de M. Pierre Janet ; il voit là un excellent procédé pour étudier les dédoublements de la personnalité, ce qu’il a appelé lui-même l’hémi-somnambulisme. Il a tout spécialement recommandé aux membres du Congrès l’étude de l’écriture automatique. La section a eu à examiner si tous les phénomènes que l’on a observés dans l’hynotisme peuvent s’expliquer par la suggestion : c’est, on le sait, la thèse soutenue par l’école de Nancy. MM. Ochorowicz, G. Ballet, P. Janet, Lombroso, Babinski soutiennent l’opinion adverse. Il semble que la question ne soit point à la veille d’être tranchée, mais qu’il y ait cependant des faits, et tout particulièrement des faits rapportés par M. Ochorowicz, qui ne s’expliquent qu’à grand’peine avec la théorie exclusive de la suggestion. MM. Myers, Ch. Richet et Sidgwick, exposent brièvement leurs recherches sur les actions à distance et la transmission de la pensée : l’opinion des membres du Congrès paraît être que ces recherches ne sont point encore assez avancées pour permettre à une opinion définitive de se former.

Il faut noter encore deux très intéressantes communications, l’une de M. Danilewsky sur l’hypnotisme chez les animaux, l’autre de M. A. Binet sur les causes de l’inconscience d’un groupe de sensations dans l’hémi-somnambulisme. M. Danilewsky a réussi à provoquer l’hypnose chez divers genres de crustacés, chez des mollusques céphalopodes, des serpents, des grenouilles, des tortues, des lézards, chez le lapin, le cobaye et divers oiseaux. Il distingue l’hypnose vraie de la cataplexie de Preyer. M. Binet cherche à établir que l’inconscience de certaines sensations est due à leur faible intensité ; si l’excitation qui détermine la sensation augmente d’intensité, la sensation devient consciente.

Parmi les questions qui ont été discutées en séances générales, il convient de citer celle de l’attention. Deux thèses se trouvaient en