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le congres de psychologie physiologique de 1889

nouvelles, si nous possédions l’histoire complète de la génération où un caractère donné s’est rencontré pour la première fois, et celle des descendants de chacun de ses membres. Il importe d’indiquer tous les caractères nouveaux observés chez les plantes, les animaux ou l’homme, et de noter si on les a négligés ou si au contraire on les a fortifiés par une sélection successive : on déterminera ainsi les lois diverses de la régression.

La Society for Psychical Research de Londres a ouvert cette année une large enquête sur les hallucinations ; le but principal de cette enquête est de déterminer quelle est la fréquence de ce phénomène chez les personnes qui ne sont pas atteintes d’aliénation mentale. En Angleterre, au mois d’août, on avait déjà recueilli 2,038 réponses, dont 945 d’hommes et 1,095 de femmes ; de ces réponses 242 étaient affirmatives. En France, une enquête du même genre a été commencée ; on avait obtenu à cette date 345 réponses (femmes, 113 ; hommes, 232) dont 70 de positives[1]. M. W. James s’est chargé pour les États-Unis de la direction de cette enquête, dont s’occupent en Angleterre MM. Sidgwick et Myers, en Allemagne MM. Dessoir et von Schrenck-Nolzing, en Russie MM. N. Grote et J. Kleiber. La section qui s’était constituée sous la présidence de M. Frédéric Myers a entendu les rapports du secrétaire sur ce qui a été fait en Angleterre et en France. M. Pierre Janet (du Havre) a adressé quelques critiques à la rédaction du questionnaire qui avait été adopté pour l’enquête statistique en Angleterre et en France ; il ne croit pas qu’il faille se restreindre aux personnes entièrement saines d’esprit, parfaitement normales ; celles-là au reste n’ont pas d’hallucinations. On se prive ainsi d’un grand nombre de faits et de ceux précisément qui offriraient le plus d’intérêt ; il faut laisser aux personnes qui se chargeront de recueillir des réponses la facilité d’interroger qui bon leur semble, mais les astreindre à indiquer en détail l’état de santé, physique et mentale, des sujets qu’ils ont examinés. Il pense de plus que les questionnaires ne doivent être envoyés qu’à des médecins ou à des psychologues de profession. M. W. James a répondu à ces objections. L’enquête commencée a un double but : réunir des documents sur les hallucinations chez les sujets normaux, chercher à éclaircir la question des actions à distance, des hallucinations télépathiques. Pour le premier de ces deux buts, il est bien certain que, ce qui importe, c’est la qualité et non la quantité des faits ; on aura donc égard avant tout à la signature de la personne qui aura recueilli les observations, mais il n’en va pas de même pour l’autre but que nous indiquions tout à l’heure. Voici en effet comment se pose le problème : MM. Gurney, Myers et Podmore ont été frappés de ce fait qu’au moment de la mort d’une personne, il arrive parfois qu’un de ses parents ou de ses amis la voie ou l’entende ; ils ont réuni dans leur livre Phantasms of the

  1. Le nombre des réponses se monte actuellement à 583, dont 100 réponses affirmatives.