Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVIII, 1889.djvu/551

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
541
le congres de psychologie physiologique de 1889

des secrétaires des sections et les communications des membres du Congrès. Les propositions que faisait M. Charles Richet au nom du comité furent acceptées, mais sur la demande de M. William James une quatrième section fut créée pour l’étude du sens musculaire. Lorsqu’on se sépara après cette première séance, tout le monde était convaincu que ce n’était pas inutilement que tant d’hommes éminents et de travailleurs utiles se seraient réunis. Tous ceux qui avaient donné leur adhésion n’avaient pu venir, mais cela était certain d’avance, et les organisateurs du Congrès avaient lieu d’être fiers de la présence d’hommes comme le professeur W. James, M. Galton, le professeur Sidgwick, le professeur Delbœuf. Ceux même qui deux jours auparavant doutaient fort du succès du Congrès n’en doutaient plus alors. Voici brièvement quel a été d’une part le résultat du travail des sections et d’autre part ce qui s’est fait en séances générales.

La section du sens musculaire s’est réunie sous la présidence du prof. W.|James pour discuter les conclusions d’un rapport sommaire que présentait M. E. Gley. M. Gley, s’appuyant sur des expériences récentes et sur d’anciennes expériences, contestait l’existence de sensations liées directement au courant moteur centrifuge ; il soutenait que le prétendu sens musculaire est réductible à un ensemble de sensations purement centripètes, comme toutes les sensations ; il indiquait au reste que, parmi ces sensations, il faut faire, à côté des sensations cutanées et des sensations articulaires, une place aux sensations musculaires proprement dites. Il niait l’existence d’un sentiment d’innervation motrice centrale, et ramenait la conscience du mouvement à exécuter à la représentation du mouvement : c’était d’après lui un phénomène d’ordre purement intellectuel. La section tout entière s’est trouvée d’accord avec le rapporteur sur le premier point ; elle a admis que nous ne connaissons la position de nos membres et les mouvements que nous exécutons que par les sensations qu’ils déterminent, mais M. Bertrand (Lyon) et Grote (Moscou) ont fait des réserves sur le second point : nous ne connaissons, ont-ils dit, que par voie centripète les mouvements exécutés ou en voie d’exécution, il n’y a pas de conscience du courant moteur centrifuge, mais il n’est point certain que nous n’ayons aucune conscience de l’activité des centres moteurs, que cette activité aboutisse au reste ou non à des mouvements musculaires objectifs.

La section de l’hérédité a tout naturellement choisi M. Galton pour président. M. Galton avait préparé un mémoire, qui a été publié dans la Revue scientifique (17 août 1889). C’est ce mémoire qui a servi de thème aux discussions de la section ; en voici les conclusions telles qu’elles ont été adoptées par la section, puis en séance générale par le Congrès. Rappelons tout d’abord que le but de la section n’était pas de formuler des conclusions sur tel ou tel point contesté, mais d’indiquer les meilleures méthodes pour résoudre les questions en discussion à l’aide d’observations et d’expériences.