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sions trop générales, qui ne pourraient aboutir ; aussi s’était-on décidé à faire porter les travaux du Congrès sur quelques questions très nettes et très limitées que le comité avait choisies avec soin, un peu arbitrairement, je l’avoue. La Société avait lancé il y a quelques années un questionnaire sur l’hérédité ; l’enquête n’avait pas abouti ; peut-être le questionnaire était-il trop compliqué. Il était utile de la reprendre et de rédiger un autre questionnaire plus simple ; c’était là une tâche toute désignée d’avance pour le Congrès, d’autant que nous avions la bonne fortune de compter M. Galton parmi nos adhérents. Puis le comité avait choisi pour les inscrire au programme du Congrès les questions qui lui avaient semblé préoccuper particulièrement les psychologues pendant ces dernières années, le sens musculaire, le rôle des mouvements dans la formation des images, l’attention, etc. ; quelques questions aussi de pathologie mentale (les appétits chez les idiots et les imbéciles, les impulsions motrices des aliénés). L’hypnotisme qui, depuis quelques années, attire à lui l’intérêt des psychologues et du public, ne pouvait manquer lui non plus de trouver place au programme. Ce qui frappe tout d’abord, quand on jette les yeux sur cette liste de questions, c’est que presque toutes elles se rapportent à la psychologie motrice : l’étude des sensations, des images et des idées, l’étude de l’intelligence, en un mot, tel a été l’objet principal des efforts des psychologues durant les soixante premières années de ce siècle ; aujourd’hui c’est à l’étude des mouvements, à l’étude analytique de la volonté, à la détermination de ses conditions physiologiques que l’on semble s’attacher de préférence ; c’est indirectement aux mouvements que se rapportent plusieurs des questions dont j’indiquais tout à l’heure la liste, à la connaissance des mouvements tout au moins. Un comité de patronage fut constitué ; les plus éminents psychologues d’Europe avaient consenti à en faire partie ; les adhésions arrivaient en grand nombre, en si grand nombre même que toutes les espérances du comite d’organisation étaient dépassées. Enfin, le 6 août, le Congrès s’est ouvert sous la présidence de M. Ribot ; M. Charcot n’a pu prendre part aux travaux du Congrès, et les séances ont été présidées alternativement par MM. Delbœuf, Magnan et Bernheim. M. Ribot a souhaité la bienvenue aux savants étrangers, il a retracé brièvement en termes nets et forts les progrès que la psychologie avait accomplis dans ces vingt dernières années ; il a indiqué les voies diverses qui s’ouvrent devant les travailleurs[1]. Puis M. Richet a donné lecture de son rapport ; il a tracé le plan des travaux du Congrès[2]. Il proposait que le Congrès se partageât en trois sections : l’une consacrée à l’étude de l’hérédité, l’autre à celle de l’hypnotisme, la troisième à l’étude statistique des hallucinations. Les matinées seraient réservées à leurs travaux ; dans les séances générales de l’après-midi, on discuterait les autres questions inscrites au programme ; on écouterait les rapports

  1. Rev. scient., 10 août 1889.
  2. Ibid.