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KORSAKOFF.des maladies de la mémoire

mais il est probable que l’un ou deux) de ces prolongements donne naissance à un filament nerveux qui probablement, se rend à une autre cellule nerveuse et sert ainsi à relier une cellule à l’autre ou qui se prolonge dans un autre tube nerveux de la périphérie. À dire vrai, personne n’a encore vu que les choses fussent telles que j’ai dit, c’est-à-dire qu’un filament nerveux qui part d’une cellule nerveuse aboutisse à une autre cellule ou à un tube nerveux périphérique. Il est presque impossible de le voir, car ces filaments sont si menus qu’ils se rompent, quand on les prépare pour les observer, mais cependant c’est l’hypothèse la plus probable. Mais il est prouvé que l’un des prolongements de la cellule acquiert toutes les propriétés du tube nerveux.

Pour le voir on n’a qu’à suivre les modifications d’un des prolongements de la cellule nerveuse. Nous le voyons nu, ensuite, après un certain temps, nous le voyons se recouvrir de myéline ; il devient donc le cylindre-axe d’un tube nerveux. Ces éléments sont si petits, que les prolongements se rompent sans cesse et qu’il est très difficile de les conserver jusqu’au moment où elles s’entourent de myéline. On peut donc admettre comme une chose prouvée que la chose se passe dans toutes les cellules nerveuses, dans celles de l’encéphale aussi bien que dans celles de la moelle épinière. Le plus difficile, c’est de démontrer cette connexion des cellules avec les tubes nerveux dans la couche corticale de l’encéphale, c’est-à-dire dans la partie que l’on regarde comme le centre de la vie psychique de l’homme, ce qui a été fait par mon honorable maître, M. le professeur A. -J. Koschewnikow.

Ainsi, après tout ce que nous venons de dire, le système nerveux nous apparaît comme composé de cellules nerveuses et de fibres. Les cellules sont les centres des impulsions nerveuses, les fibres en sont les conducteurs, soit d’une cellule à l’autre, soit d’une cellule centrale à la périphérie, c’est-à-dire aux muscles, ou de la périphérie, c’est-à-dire des organes des sens, aux cellules centrales. Les cellules se trouvent en masse dans ce qu’on appelle la substance grise du cerveau, aussi bien que dans celle de la moelle épinière, tandis que les fibres forment la partie essentielle de la substance blanche des masses centrales et des nerfs. Possédant ces notions, nous pouvons nous faire une idée de la maladie nommée névrite multiple. C’est une affection qui attaque simultanément plusieurs troncs nerveux. Une fois attaqués par la maladie, leurs fonctions sont naturellement dérangées et nous voyons paraître une paralysie, c’est-à-dire une cessation de mouvements des muscles vers lesquels se rendent les troncs nerveux malades, parce que les ordres de la