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A. BINET.sur les mouvements volontaires

II

La forme de la contraction volontaire.

Pour apprécier la forme de la contraction volontaire, il faut substituer au dynamomètre, qui nous a servi jusqu’à présent, un dynamographe, c’est-à-dire un dynamomètre à transmission. Nous avons fait usage du dynamographe construit par M. Verdin, et utilisé déjà par M. Féré dans ses recherches sur les sensations et les mouvements.

Au point de vue de la forme, une courbe dynamographique présente plusieurs éléments à considérer ; nous étudierons d’abord la ligne d’ascension et la ligne de descente. Pour le moment, nous ne nous occupons que d’une contraction courte, et non d’une contraction prolongée.

Ligne d’ascension. — M. Féré a dit un mot, en passant, de la forme que présente la ligne d’ascension : « Chez les hystériques, qui ont une faiblesse musculaire très marquée, la courbe de la contraction fournie par le dynamographe manuel a une forme spéciale, l’ascension est graduelle. » Plus loin, l’auteur compare la ligne d’ascension de l’hystérique à celle d’un individu normal qui est fatigué.

Il est exact que chez quelques sujets la ligne d’ascension présente une certaine inclinaison. Je crois cependant devoir faire remarquer que ce point n’a pas toute l’importance qu’on pourrait y attacher. À notre avis, la forme de la ligne d’ascension ne tient pas seulement à des propriétés du centre moteur, mais encore elle dépend en grande partie de causes psychologiques, de raisonnements inconscients exécutés par le sujet. En voici un exemple qui m’a paru très frappant :

Lorsqu’on prie P. S. de produire alternativement des contractions longues et des contractions brèves, la ligne d’ascension de la courbe est tout à fait différente dans les deux cas ; graduelle dans une contraction longue, elle se détache brusquement, presque à angle droit, de la ligne des abscisses, dans le cas d’une contraction brève. Le sujet n’a du reste aucune idée de cette différence. Cependant il nous semble vraisemblable que cette forme de la ligne d’ascension a une origine psychologique ; quand on doit donner une contraction longue, on sent qu’il n’est pas nécessaire de dépenser instantanément toute sa force, comme dans une contraction brusque ; on la ménage.

Nous aurons du reste l’occasion, plus d’une fois, de rappeler l’influence des raisonnements inconscients du sujet sur la forme des