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par la conscience ont une caractéristique commune au point de vue des fonctions subjectives : c’est d’être des nombres dépendant du contraste. Mais cette fonction de contraste implique précisément la forme circulaire de nos représentations ; on voit donc que les conditions de la dynamogénie et de l’inhibition inconscientes ne sont pas différentes des conditions de la dynamogénie et de l’inhibition conscientes.

D’ailleurs, a priori, le mécanisme inconscient qui explique la dynamogénie et l’inhibition ne pouvait être plus complexe que celui par lequel s’expliquent les réactions idéo-motrices conscientes du plaisir et de la douleur, car ce mécanisme réduit à celui d’un centre doué de rayons définis à droite, à gauche, en haut et en bas, est évidemment le plus simple possible. Il convient donc à ces êtres réduits à cette substance essentielle qu’on appelle le protoplasma, à ces plasmodes attirés vers la lumière, excités par l’oxygène et inhibés par l’éther ou le chloroforme ; il convient à ces graines dont la sensibilité est latente et qui germent. Il est adapté à tous les micro-organismes qui, pour être dénués, autant que nous sachions, d’organisations complexes ont des orientations et des polarités : on sait que les planaires, quel que soit le nombre des sections qu’on leur fait subir, conservent toujours l’orientation de l’animal entier : la cellule-œuf possède la même orientation que la mère qui l’a produite ; elle a un pôle céphalique et un pôle caudal, un côté droit et un côté gauche, une face dorsale et une face ventrale ; ces différentes faces de la cellule-œuf coïncident avec les faces correspondantes de l’embryon.

On a beaucoup discuté la question de savoir si la loi de Fechner, d’après laquelle la sensation croît comme le logarithme de l’excitation, a une valeur théorique ou si elle est une simple approximation représentant l’expérience dans des limites restreintes. Ma méthode permet de voir que cette loi a effectivement une valeur théorique, mais qu’elle est soumise à un grand nombre de perturbations dont la formule exacte est difficile à établir. Si on se demande quelle est la représentation motrice d’une sensation, on voit qu’une sensation est inséparable d’une diminution dans la quantité de nos réactions motrices produite par la résistance de l’objet, qu’il s’agisse de lumière, de son, d’électricité, d’odeur, de saveur, en un mot, à un degré quelconque, d’un arrêt de mouvement. Or, on peut, par l’application des mathématiques subjectives, démontrer qu’un arrêt est représenté par un nombre célèbre, le nombre e = 2,71828…, la base du système des logarithmes naturels ; que toute excitation définie par un nombre sera rapportée comme sensation à une puis-