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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

elles justifient pour la couleur la belle intuition de Leibnitz : « Musica est arithmetica nescientis se numerare animi. »

La même méthode qui m’a permis de réaliser ces harmonies de couleurs et de formes m’a permis de calculer, en conséquence d’une théorie générale de la complémentaire, les rapports normaux des longueurs d’onde des couples de couleurs complémentaires et les fractions de l’horizontale dont on fait respectivement trop courtes, en voulant les faire égales à cette ligne, des lignes dans des directions quelconques. On peut également déterminer par cette voie les corrections qu’il faut faire subir aux angles pour qu’ils conservent apparemment leur grandeur réelle dans toutes les situations. Par des déductions directes de la représentation des couleurs sur des directions, j’ai pu obtenir des modifications de l’irradiation. La théorie du contraste et le sens d’expression de la sensation auditive déterminé ainsi qu’il a été expliqué m’ont permis également de retrouver les variations d’intervalles musicaux suivant la mélodie, l’harmonie et la nature de l’accord observées par MM. Cornu et Mercadier. Les deux types de réaction continu et discontinu se retrouvent dans la distinction des gammes majeure et mineure. Les mêmes lois qui régissent les harmonies de formes et de couleurs s’appliquent avec des changements secondaires à l’harmonie musicale. Elles s’appliqueront avec les modifications convenables à tous les excitants des sens : pression, température, odeurs, saveurs. Pour ces deux derniers excitants, les difficultés sont purement expérimentales. Je vais prochainement faire construire des thermomètres, capables de doser des excitations dynamogènes ou inhibitoires et de préciser le caractère normal ou anormal de la température subjective.

En résumé, le fait que toute action psychique S’exprime, le fait qu’au point de vue de la conscience la forme des mouvements d’expression considérée généralement est circulaire, les influences constatées des différentes couleurs sur les tracés des traits suivant les différentes directions, les nécessités pour l’être vivant de classer à chaque instant toutes les excitations en dynamogènes ou inhibitoires, c’est-à-dire sous deux caractéristiques irréductibles, tous ces faits impliquent l’existence réelle de cycles de représentation, qui expriment, suivant des lois qu’il fallait restituer, chaque excitant, toute variation d’excitants de chaque espèce, les ensembles d’excitants par des points dirigés soumis à une mathématique subjective inconsciente, dont les trois fonctions sont le contraste, le rythme et la mesure.