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1/20 du modèle ; muni d’un verre jaune, on trace de gauche à droite des horizontales trop grandes. Il y aura lieu de rechercher les variations d’appréciation des angles sous l’influence de la vision de groupements de couleurs ; ces expériences, qu’on peut varier à l’infini, apporteront sans doute des confirmations nouvelles de la réalité de ce schème de la couleur par la direction. Enfin, des faits de pathologie mentale recueillis par MM. d’Abbadie, Galton, Bertillon, etc., viennent confirmer d’une manière générale cette association du nombre, de la couleur et de la direction. Beaucoup de personnes que j’ai interrogées à des intervalles de temps très éloignés ont constamment assigné à la série des nombres des dispositions spéciales parfois colorées, s’étonnant que ces manières de voir leur soient particulières. On doit donc considérer comme une généralisation de l’expérience le principe suivant : L’être vivant représente toute variation d’excitation par des changements de direction plus ou moins conscients, ces directions étant marquées spécialement par la mise en mouvement plus ou moins sensible des appendices supérieurs et inférieurs droit ou gauche, lesquels, individuellement, peuvent décrire des petits cycles continus et, quand ils sont coordonnés, des grands cycles relativement discontinus.

Mais ce schème de la direction, dont les méthodes expérimentales convenablement variées pourront mesurer l’amplitude pour d’autres excitations, ne saurait être arbitraire. Admettre qu’il n’y a aucun rapport entre les différentes directions subjectives et les couleurs scientifiquement définies, ce serait nier l’existence de toute loi d’organisation et ne tenir aucun compte des faits d’expression rigoureuse et de ces calculs inconscients constatés par l’expérience. Sans une mathématique exacte capable de distinguer les excitants dynamogènes et inhibitoires et de choisir entre les uns et les autres suivant le cas, l’être vivant dans les mêmes conditions subjectives et objectives serait incapable de réagir d’une façon constamment identique. Il n’y aurait ni vie, ni loi, ni physiologie générale possibles. Le problème qui se pose est donc celui-ci : étant donné le schème des directions, restituer la mathématique inconsciente qui exprime rigoureusement les excitants sensibles et possibles et explique les modes irréductibles de réaction psycho-physiologique de la dynamogénie et de l’inhibition, du plaisir et de la peine.

Mais il est clair qu’il faut distinguer quatre catégories de plans : un excitant pris en lui-même, comme la lumière rouge ou la lumière violette, peut être dynamogène ou inhibitoire ; il se représentera individuellement dans un plan que je puis appeler primaire. Si ces deux lumières sont perçues successivement, elles seront compa-