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ch. henry. — le contraste, le rythme, la mesure

demande : « Quelles sont les conditions de continuité des fonctions psychiques ? » je suis incapable de définir les termes du problème. Si au contraire je demande : « Quelles sont les conditions de continuité ou de discontinuité des mouvements expressifs de l’idée ? » je pose un problème scientifique, dont les termes pourront être précisés, qui n’est pas différent du problème de la dynamogénie et de l’inhibition considérées dans leurs résultats fonctionnels finaux, indépendamment du mécanisme physico-chimique qui les produit.

D’après la définition de M. Brown-Séquard : sont dynamogènes les irritations nerveuses qui, plus ou moins instantanément, pour une durée plus ou moins longue, dans des parties nerveuses ou contractiles plus ou moins distantes du lieu de l’irritation, exagèrent plus ou moins une puissance ou une fonction ; sont inhibitoires les irritations nerveuses qui, dans les mêmes conditions, font plus ou moins disparaître une puissance ou une fonction. Les effets d’inhibition sont encore connus sous le nom de phénomènes d’arrêt.

Si le problème du plaisir et de la peine posé sous la forme objective gagne la précision scientifique, le problème de la dynamogénie et de l’inhibition gagne à être rapproché du point de vue psychologique, des données complémentaires. En effet, dans l’état actuel de la science, il est impossible de préciser généralement le problème de la dynamogénie et de l’inhibition, car le plus souvent nous manquons des données numériques nécessaires sur les quantités d’excitation et sur les quantités correspondantes de réaction physiologique. Mais on peut, dans des cas particuliers, poser un problème précis, si d’une part on choisit des excitants bien définis : mesures linéaires, vibrations sonores, longueurs d’ondes lumineuses, etc., si, d’autre part, on complète l’insuffisance des données sur les variations du travail physiologique par la connaissance de la nature agréable ou désagréable des réactions mentales correspondantes, lesquelles sont, comme le prouvent les expériences dynamométriques, accompagnées, le plaisir, de dynamogénie, la peine plus ou moins rapidement d’inhibition de l’effort musculaire. En effet, d’après les expériences de M. Féré, un Dr G. dont la force à la main droite varie de 50 à 55 kilogrammes, dès qu’on approche vivement de ses narines un flacon de musc pur, déclare cette odeur extrêmement désagréable, et voit sa force baisser à 45 kilogrammes. Si on place le flacon à distance, il déclare l’odeur très agréable, et donne 65 au dynamomètre. Chez une hystérique, l’approche du flacon de musc détermine une sensation très agréable qui se traduit par 46 kilogrammes au lieu de 23.

Il ne s’agit pas d’aborder le problème objectif actuellement inex-