Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVIII, 1889.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
notices bibliographiques

expérience. Son désir d’atteindre l’essence cachée, d’expliquer tout avec elle, en recourant à l’intervention divine pour dénouer les nœuds inextricables, l’empêcha d’arriver à ce résultat. Kant seul y est arrivé, en débarrassant des hypothèses métaphysiques la doctrine leibnizienne sur l’origine de la connaissance, et montrant que la vérité ne consiste pas dans la conformité de la chose avec la représentation, mais dans celle de nos représentations entre elles.

Bernard Perez.

G. Cesca. — La scuola secondaria unica, in-8o, 28 p.. Padoue, Drucker, 1889.

Après les excellentes études de MM. Gréard, Frary et Bigot, sur l’instruction moyenne, cette intéressante question est toujours à revoir, même en France, où les faits n’ont pas encore tout à fait donné gain de cause aux théories. C’est ce qui m’engage à signaler cette brochure de M. Cesca, qui nous vient peut-être un peu tard, mais avec des vues personnelles, des arguments peut-être neufs, et en tout cas aucunement tirés des ouvrages ci-dessus mentionnés.

Le jeune philosophe italien propose un mode unique d’enseignement secondaire. Il en indique avec précision le but et le programme. Ce but est formel plus que matériel. Cet enseignement doit rendre les jeunes gens capables d’arriver aux études supérieures et spéciales, mais il n’a pas pour objet de donner des connaissances générales et spéciales : son rôle est de former et de développer l’esprit dans ses diverses fonctions. On lui demande, avant tout, de donner à la jeunesse le goût de la recherche scientifique, la facilité d’observer et de raisonner, et d’exprimer convenablement ses pensées. Il devra aussi, et c’est là son côté matériel, mais accessoire, développer l’amour de la vie physique, morale et sociale, et fournir toutes les notions qui se rapportent à ce triple objet. L’école n’est, d’ailleurs, que la collaboratrice de la famille, en fait d’éducation morale.

M. G. Cesca s’élève énergiquement contre cette vieille et malheureuse prétention du classicisme à former l’esprit de la jeunesse. Il n’admet pas qu’une seule étude puisse mettre en activité toutes les fonctions. Son développement complet peut se faire seulement au moyen de diverses matières, dont chacune tend à produire une habitude déterminée et une habitude spéciale. Voici comment est réglée la distribution de ces matières embrassant tout le cycle de l’enseignement commun. Dans les premières années, l’enseignement comprendra la langue nationale, le français, les éléments d’arithmétique pratique et de géométrie intuitive, l’histoire naturelle descriptive et l’histoire civile. Dans les années suivantes, le latin, l’algèbre, la géométrie, la physique, la chimie, la cosmologie, la biologie, la psychologie, l’éthique et la sociologie.

Remarquons, tout d’abord, que M. Cesca prend très rigoureusement,