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BÉNARD.la mimique dans le système des beaux-arts

l’un de l’autre. À l’origine, la pantomime elle-même faisait partie intégrale de la danse ; l’une et l’autre sont accompagnées et réglées par la musique. Même quand la musique était toute religieuse, ses mouvements dans les fêtes et les cérémonies du culte s’alliaient aux rythmes et aux chants. Comme le dit Platon (Lois, II), le besoin de l’harmonie s’introduisit dans les mouvements.

Tous les mouvements de la danse sont réglés par la musique, qui elle-même prend tous les caractères de la danse et s’harmonise avec elle. Le rythme, la mesure, l’harmonie, la mélodie pénètrent à la fois les mouvements et les sons. La pantomime ne peut guère se passer de la musique. Le ballet pantomimique, les noms d’orchestre, d’orchestrique leur sont communs.

V. Plus on avance dans le système des arts, plus le rôle de la mimique, bien qu’il reste accessoire et subordonné, acquiert d’importance et devient nécessaire. Son alliance avec celui des arts qui est placé au sommet, la Poésie, est manifeste, et sa nécessité n’a pas besoin d’être démontrée. Il en est surtout ainsi de la forme de cet art qui est la dernière et qui résume en elle toutes les autres, comme elle appelle à son aide le concours de tous les arts, la poésie dramatique ou le drame, dans l’exécution de ses œuvres.

La raison est également aisée à saisir. La mimique, n’est-ce pas le langage naturel ou d’action ? Inutile de rappeler ici ce qui a été dit de sa nature et de son mode d’expression, surtout de son caractère éminemment pathétique.

Il est donc tout simple qu’ici le langage naturel s’ajoute et s’allie au langage artificiel qui est la parole, que la langue de la passion se combine avec celle de l’intelligence et des idées, surtout quand celle-ci elle-même est vivante, non fixée et immobilisée par l’écriture.

L’art mimique, qui se marie déjà si bien à la poésie, à tous ses degrés, et sous d’autres formes, la récitation, la déclamation, devient indispensable dans la représentation scénique et l’exécution des œuvres de la poésie dramatique ou la représentation théâtrale.

Mais ceci devient tellement un lieu commun que nous n’avons pas à insister.

Une chose seulement est à remarquer, c’est que la mimique, dans le jeu des acteurs, n’est plus muette comme elle l’est dans la pantomime et dans la danse. Les intonations de la voix viennent se joindre aux gestes, aux airs du visage, au jeu de la physionomie et aux attitudes du corps, comme à tout ce qui s’adresse aux yeux, aux décorations de la scène, à la musique elle-même, etc.

L’acteur, lui-même, par là est un véritable artiste et il peut être un