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L’aperception relative juge que les différences sensationnelles sont égales lorsque la différence des excitations croît proportionnellement à celles-ci. Cette loi est fondée, jusqu’à présent, sur des inductions tirées d’expériences insuffisantes ; en tout cas, pour ne pas se tromper sur la valeur pratique d’une loi de cette nature, il convient de remarquer que si l’aperception différentielle a un caractère de précision indiscutable, celui de l’aperception relative est au contraire plus ou moins vague et incertain, et qu’elle restera toujours telle, à quelque loi mathématique que l’on arrive à en soumettre les résultats moyens.

M. Grotenfelt a bien voulu citer à plusieurs reprises ma Critique de la loi de Weber parue dans le numéro de janvier 1884. Tantôt il s’est appuyé sur mes assertions, tantôt il les a loyalement combattues. Je crois qu’il reconnaîtra que, si je ne suis pas complètement d’accord avec lui, il y a au moins un terrain d’entente préparé et, pour ma part, je suis prêt à dire que, malgré les lacunes qu’offrent toujours à mes yeux les théories psychophysiques, son volume est, et de beaucoup, le meilleur que j’aie lu depuis longtemps sur ce sujet.

Paul Tannery.