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méthodes : d’abord celle de l’œil et de l’oreille, c’est-à-dire que l’observateur, en même temps qu’il voyait l’astre, devait compter les secondes pour apprécier la fraction de seconde écoulée depuis le passage de l’astre derrière le fil ; plus tard, celle du chronographe destinée à diminuer autant que possible les erreurs de l’équation personnelle. — Dans les deux méthodes, l’équation personnelle varie d’après des causes assignables et non assignables. Parmi les premières, il faut compter la nature de l’astre, sa grandeur, sa direction (de droite à gauche ou de gauche à droite) et la vitesse de son mouvement. On peut expliquer, d’une manière un peu conjecturale, ces changements par des différences individuelles dans les effets de l’irradiation, de la structure de l’œil, dans les habitudes d’anticipation ou de retard chez l’observateur.

Burnham. La mémoire : étude historique et expérimentale. — Histoire fort complète des théories sur la mémoire depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Aristote en commence l’étude scientifique, tout en faisant jouer au cœur un rôle extra-physiologique et en négligeant le rôle du cerveau. Saint Augustin (quoique représentant la tradition platonicienne) mérite une mention pour avoir insisté sur l’existence des idées latentes qui devait être reprise plus tard par Leibniz. — Parmi les modernes, l’auteur étudie principalement Malebranche et Locke au xviie siècle. Pendant le xviiie siècle, les explications à tendance matérialiste et mécaniste sont prédominantes avec Condillac et les Encyclopédistes, Bonnet, Hartley et ses sectateurs Priestley, E. Darwin. — En résumé, dans le cours des siècles jusqu’au commencement du nôtre, deux grands courants. On peut appeler l’un platonicien (St Augustin, Leibniz, etc.) : la mémoire est regardée comme un acte de l’âme limité peut-être par les processus physiologiques, mais ne dépendant pas d’eux. On peut appeler l’autre aristotélicien (St Thomas d’Aquin, Hobbes, Condillac, Bonnet, etc.) : la mémoire appartient au côté sensoriel de l’esprit et il est remarquable que, dès l’antiquité, toutes les théories du second groupe s’accordent pour tout réduire à des mouvements.

Au xixe siècle, l’auteur passe rapidement sur Kant et ses successeurs idéalistes ; il s’arrête un peu à l’École écossaise où il trouve que la seule bonne étude de la mémoire est celle de Dugald Stewart qui contient en germe celle de Taine. — Exposition sommaire des associationistes anglais et de Herbert. Avec Lotze, nous voyons reparaître la théorie idéaliste dans tout son éclat : il voit dans la mémoire une faculté de l’âme indépendante des conditions physiques, quoiqu’il ne nie pas celles-ci. — Horwicz fait jouer un grand rôle au sentiment dans la conservation et la reproduction des souvenirs qu’il se refuse à attribuer à la loi d’inertie. — Exposé de Wundt. L’auteur termine par l’étude de la mémoire organique qu’il fait remonter à Malebranche, certainement à Jessen (1.585) et plus tard à Hering et Creighton.

Il remarque encore que le courant platonicien se retrouve chez les