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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Paul Dubuc. — Essai sur la méthode en métaphysique. 1 vol.  in-8o, 310 pag.  Alcan, 1889.

La thèse de M. Paul Dubuc est une thèse courageuse. L’auteur y soutient que la métaphysique tant décriée se retrouve dans les écrits mêmes de ceux qui la nient ou la dédaignent, que la métaphysique est une science et une science nécessaire à toutes les autres, que comme toutes les sciences elle a un objet et une méthode. Il essaye enfin de déterminer les procédés de cette méthode et de prévoir ses principaux résultats. C’est là même le premier et principal objet de son travail. On voit que M. Dubuc n’est pas un timide. Il aime la métaphysique et il ose le dire, le professer, le soutenir en public. Il le fait avec une assurance tranquille. Il paraît ne pas se douter des injures qu’il est de mode de prodiguer à la métaphysique et aux métaphysiciens. Il se donne même l’audacieux plaisir de montrer que ceux-là qui prétendent ne pas faire de métaphysique en font à ce moment même et il leur cite Aristote : εἰ φιλοσοφητέον, φιλοσοφητέον, εἰ δὲ μὴ φιλοσοφητέον, φιλοσοφητέον· πάντως δὲ φιλοσοφητέον.

Rendons tout de suite hommage à un mérite incontestable de son travail, il est fort clair, écrit dans une langue lucide et souple et d’une ordonnance à peu près irréprochable. Nous allons le résumer rapidement et indiquer les conclusions de M. Dubuc. Nous nous permettrons après de lui soumettre quelques objections et quelques desiderata.

L’introduction nous montre la nécessité de la métaphysique. — Trois écoles ont prétendu se passer de la métaphysique, l’empirisme dont le positivisme et l’évolutionisme ne sont que des branches, le kantisme et l’éclectisme. Or, le positivisme, qui admet la réalité des phénomènes objectifs, l’évolutionisme, qui admet l’existence d’un inconnaissable absolu, le kantisme, qui aboutit à l’idéalisme transcendantal, l’éclectisme, qui arrive avec Jouffroy à trouver l’âme dans le moi, résolvent tous avec plus ou moins de conscience et de franchise les problèmes métaphysiques. La métaphysique est donc nécessaire : ceux mêmes qui la nient ne parviennent pas à s’en passer.

Mais qu’est-ce au juste que la métaphysique ? Quel est l’objet précis qu’elle se propose d’étudier ? M. Dubuc reconnaît qu’il est très difficile de déterminer par l’histoire de la philosophie l’objet précis de la métaphysique, ce nom ayant été donné par les philosophes depuis Descartes