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MARILLIER.sur le mécanisme de l’attention

pris à un instant donné une tendance motrice ; si par exemple les capillaires qui irriguent un centre moteur se dilatent pour une cause ou pour une autre, les tendances qui ont leur siège dans ce centre s’éveillent et avec elles les représentations qui leur sont associées ; si à ce moment elles ont plus d’intensité que les autres représentations, elles détermineront une attention plus ou moins profonde ; cette attention aura eu son point de départ dans une excitation motrice. Cette excitation motrice déterminera, en même temps qu’une excitation des centres sensitifs, des mouvements musculaires ; ces mouvements seront dus à la même cause que les états intellectuels qui les accompagnent ; il y aura accord entre eux, bien qu’ils ne soient pas subordonnés les uns aux autres.

Mais le cas le plus fréquent, c’est celui où les mouvements musculaires que l’on remarque chez l’homme ou l’animal attentif ne sont qu’une conséquence indirecte de l’excitation des centres sensitifs. C’est en effet une loi générale de la physiologie nerveuse que la tendance de toute excitation à se propager et à se diffuser ; cette diffusion est d’autant plus complète que l’excitation est plus intense. L’excitation se propage de proche en proche ; elle atteint tout d’abord les centres qui sont anatomiquement ou fonctionnellement les plus voisins de celui qui a été primitivement excité. Il faut se souvenir en outre que si les excitations de certains centres déterminent des mouvements lorsqu’elles ont une intensité moyenne, elles peuvent au contraire, lorsqu’elles atteignent une très grande intensité, produire l’arrêt de ces mêmes mouvements. Enfin il existe probablement à côté des centres moteurs des centres d’arrêt. Lorsque l’excitation d’un centre sensitif est faible, elle ne passe pas dans les centres moteurs ; il ne se produit pas alors de mouvements, bien qu’il puisse y avoir attention, s’il existe entre les diverses représentations des différences d’intensité suffisantes ; ou tout au moins s’il se produit des mouvements, ils sont indépendants de l’état intellectuel prédominant. Ils ne sont pas dirigés, coordonnés par cette image ou cette idée. Si l’excitation sensitive augmente, elle se communique aux centres moteurs et tout d’abord à ceux qui sont plus particulièrement reliés au centre sensitif irrité. Des mouvements apparaissent alors ; les muscles se contractent, ceux-là surtout qui sont mis en action par les centres les plus spécialement intéressés ; très souvent l’homme attentif est alors parfaitement immobile, mais ses muscles n’en sont pas moins à l’état de tension ; la plus légère excitation produira le mouvement ; c’est l’état par exemple de l’animal qui guette sa proie et qui se prépare à bondir sur elle. Mais que l’homme ou l’animal restent immobiles, ou qu’ils exécutent des