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REMARQUES SUR LE MÉCANISME DE L’ATTENTION


La théorie que M. Ribot a donnée de l’attention peut se résumer en quelques thèses très nettes :

1o L’attention est un état intellectuel qui s’accompagne toujours d’une adaptation spontanée ou artificielle des mouvements.

2o Le mécanisme de l’attention est un mécanisme moteur ; elle agit toujours sur des muscles et par des muscles.

3o Elle a toujours pour cause des états affectifs.

4o Il y a deux espèces d’attention : l’attention spontanée et l’attention artificielle ou volontaire.

5o Le mécanisme de l’attention spontanée est essentiellement un mécanisme moteur actif, le mécanisme de l’attention volontaire un mécanisme d’arrêt[1].

Je vais essayer de montrer qu’il n’y a pas lieu de distinguer deux espèces d’attention, que le mécanisme de l’attention n’est pas essentiellement un mécanisme moteur, que l’adaptation des mouvements fait souvent défaut, que les états affectifs ne jouent dans la production de l’attention qu’un rôle subordonné et enfin qu’elle est toujours le résultat d’une action d’arrêt.

Pour rendre plus claires les remarques qui vont suivre, il convient, me semble-t-il, d’indiquer tout d’abord l’interprétation qu’il faut donner d’après moi des phénomènes d’attention.

L’attention est un état de conscience qui résulte de la prédominance temporaire d’une représentation sur les représentations qui coexistent avec elle à un instant donné. Les représentations (sensations, images ou idées) agissent les unes sur les autres en raison de leur intensité et de leur intensité seule : c’est là au reste une loi générale qui s’applique aux tendances motrices comme aux repré-

  1. Th. Ribot, Psychologie de l’attention, in-12, 180 pages, Félix Alcan, 1889.