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SOCIÉTÉ DE PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE


EXPÉRIENCE RELATIVE AU POUVOIR MOTEUR DES IMAGES OU REPRÉSENTATIONS MENTALES[1]

Le rapport des images au mouvement, le pouvoir moteur des images sont des phénomènes, sinon complètement étudiés, il s’en faut même de beaucoup, du moins dont la réalité est incontestée. Mais bien des psychologues sont, de plus, portés à croire qu’il entre dans toute représentation, comme éléments constituants de la représentation des éléments moteurs. Voici une expérience très simple, très facile à faire, et qui, je crois, ne peut s’expliquer que de cette manière, en même temps qu’elle prouve clairement le pouvoir moteur des images.

Il y a déjà plusieurs années que j’ai réalisé cette expérience et j’ai eu l’occasion de la répéter à diverses reprises. Mais, comme j’ai déjà publié des faits à peu près du même ordre (Comptes rendus de la Société de biologie, 5 juillet 1884), je n’aurais peut-être pas encore maintenant parlé de celui-ci, s’il ne s’était pour ainsi dire de lui-même rappelé à mon attention, à la suite de la lecture du très intéressant travail de M. A. Binet, Recherches sur les altérations de la conscience chez les hystériques, paru dans le dernier numéro de la Revue philosophique (février 1889). Une partie de ce travail est consacrée à l’exposé des observations faites par l’auteur sur des hystériques qui présentent des mouvements graphiques inconscients : « Lorsque l’hystérique tient entre les doigts de la main anesthésique une plume, dans la position nécessaire pour écrire, cette plume enregistre l’état de conscience prédominant du sujet… Ce phénomène dont il est facile de saisir l’analogie avec tous ceux qui ont été étudiés par M. Chevreul, M. Richet, M. Gley, ne paraît pas faire défaut à beaucoup d’hystériques. Je l’ai rencontré un très grand nombre de fois, et je le considère comme la manifestation la plus simple des mouvements inconscients. » (Loc. cit., p. 151) On va voir combien cette observation concorde avec mon expérience.

La personne sur laquelle je fais l’expérience prend une plume ou un

  1. Communication faite dans la séance du 25 février 1889.