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brièvement, très nettement et très complètement défini toutes les théories sur la nature de l’âme, l’auteur s’arrête aux trois principales doctrines historiques : le matérialisme, le spiritualisme et le phénoménisme. Il en fait une rigoureuse discussion. — Le matérialisme, sous sa forme dualiste, est un produit des idées antiscientifiques de l’homme primitif. Sous sa forme mécanique, il ne peut rien prouver au delà du fait que des mouvements moléculaires nerveux accompagnent les états de conscience. — Le spiritualisme ne réussit pas mieux avec tous ses arguments en faveur d’une substance immatérielle. En distinguant la pensée de l’étendue, il admet, dans la matière étendue, une abstraction réalisée. L’unité de conscience est très bien explicable sans une substance spirituelle : elle résulte d’une association entre les nouvelles représentations et les anciennes. Pour l’identité de la conscience, la mémoire suffit à en rendre raison. De ce que les états psychiques nous sont donnés comme phénomènes et non comme noumènes, il s’ensuit rigoureusement que nous ne pouvons prétendre connaître l’intime essence de notre vie psychique. La liberté du vouloir n’est pas absolue, mais relative ; elle indique seulement la libération de toute contrainte interne et détermination par motifs propres. — La recherche critique est la seule doctrine valable. Elle est la seule conforme aux principes de la théorie de la connaissance. Admettre une âme substantielle n’est pas autre chose qu’obéir à une tendance anthropomorphique et métempirique, qui veut connaître l’en soi des choses, méconnaissant les limites et la valeur relative de notre connaissance.

De Dominicis. L’énergie morale dans l’histoire, d’après Iginio. — L’histoire est déterminée par des conditions naturelles, mais elle est faite par la conscience des hommes qui s’inspirent d’un idéal du bien. Où les conditions naturelles restent seules, il n’y a pas histoire, mais immobilité. Où la conscience et le sentiment de son pouvoir prédominent, l’histoire se forme même en opposition avec les pires dispositions du milieu géographique. C’est l’individualité personnelle ou nationale qui meut et détermine le fait humain. L’impulsion au mouvement historique vient du sentiment ou de l’idée devenue sentiment. Toute l’histoire de l’Occident, qui est la vraie histoire, confirme cette thèse. Quoique le monde classique fût pauvre en culture, l’interprétation classique de l’histoire, qui y voyait l’homme comme principal facteur, est plus vraie et plus morale que l’interprétation contemporaine, qui, chez beaucoup de penseurs, sinon chez les plus éminents, assimile dans ses énergies et ses manifestations l’histoire à la nature.

Principaux comptes rendus : La vie des êtres animés, de Blanchard (F. de Sarlo). — Les principes du droit, de Beaussire (Angiulli). — Psychologie de l’attention, de Ribot (Angiulli). — L’art et la poésie chez l’enfant, de Pérez (Angiulli). — Études de psychologie expérimentale, de Binet (de Sarlo). — La réforme sanitaire en Italie, de Panizza (E. Fazio). — La liberté de la volonté, de Notovitch.

B. P.