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A. Bianchi. Conscience et libre arbitre dans l’art (à propos du roman de Valcarenghi : les Rhéteurs, les Confessions d’Andréa). — Les soi-disant satisfactions de la conscience ne sont que l’apaisement du sens moral, qui a fini par acquérir chez l’homme la valeur d’un instinct. Une telle conception fait défaut à nos romanciers. La raison en est bien simple : ils se sont toujours arrêtés à la superficie de l’âme et du cœur humain. La question du libre arbitre était pour eux trop profonde, et ils l’ont négligée. Pour eux, la possibilité matérielle qu’un personnage commît une action suffisait ; ils ne cherchaient pas si une telle possibilité d’actes conscients était jusqu’au fond de l’âme composée d’éléments conscients. La négation du libre arbitre, qui progressait parallèlement aux découvertes de l’anthropologie criminelle, aurait dû produire une révolution féconde dans le roman. Elle ne l’a fait qu’indirectement. Comme la théorie darwinienne de l’évolution nous a donné les Rougon-Macquart d’E. Zola, bien qu’indirectement, les nouvelles théories criminalistes auront un roman italien correspondant. — Du même auteur un article intéressant : L’art et la science : pourquoi les artistes modernes haïssent la ligne.

E. Tanzi. Sur l’association des idées : essais détachés de psychologie introspective. — Quelques exemples d’associations (expliquées) d’idées ou de mots, soit dans la veille, soit dans le sommeil. Dans les phénomènes en apparence les plus irréductibles de la pensée, nous pouvons trouver un ensemble d’associations conformes à un type constant, et au delà nous ne rencontrons plus que des images formant leurs termes élémentaires et invisibles. Dans toutes les suites de pensées, même produites dans le délire ou la démence, nous devons supposer le fil très subtil d’une loi associative. Chaque forme de maladie mentale est caractérisée par la disparition de certaines associations et la prédominance de certaines autres. Dans la pensée normale, les différents types intellectuels sont caractérisés par certaines formes d’associations idéatives ; les esprits d’élite se distinguent par la plus grande complexité de leurs associations habituelles.

R. Ardigo. La science expérimentale de la pensée. — La pensée est une production instantanée et renouvelable du cerveau. Diverses parties du cerveau y concourent, les mêmes pour des pensées diverses, le nombre et l’entrelacement étant changés. Dans la pensée, la quantité est la somme des unités élémentaires, moins la qualité d’être conscients qui les complète. Les minima élémentaires de la pensée se vérifient par la loi physiologique de l’irritabilité. Ce sont des sensations, aux-quelles tout se ramène, représentations, émotions, volitions. L’étonnante variété des produits de la pensée a sa raison d’être dans la spécialisation des organes, dans la possibilité infinie des synergies ou combinaisons variées de quelques espèces de très nombreuses sensations élémentaires. Les catégories de la pensée naissent en vertu des mêmes aptitudes multiformes de l’appareil physiologique. Les associations pro-