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ANALYSES.e. lœwenthal. Grundzuege des Spiritualismus.

suggestion, et à éclairer les faits mêmes de la suggestion et de l’auto-suggestion.

Je me bornerai à citer celle-ci, qui condamne Luys ; elle me paraît intéressante à plusieurs points de vue. « Je demandai, écrit M. le Dr Forel, à une hypnotisée, qui portait au cou la bouteille d’alcool et avait déclaré jusqu’ici ne rien éprouver, si elle ne ressentait pas de mal de tête ; à quoi elle répondit oui ; puis si elle n’était pas titubante comme prise de boisson, ce qu’elle m’affirma être aussitôt ; et elle commença après à montrer les symptômes de l’ivresse. On voit par là combien une question insinuante peut agir suggestivement. Je n’ai pas besoin d’ajouter que j’ai provoqué aussi tous les symptômes des médicaments appropriés (même le vomissement) par suggestion, avec des verres vides ou trompeurs (comme expérience de contrôle). »

Lucien Arréat.

Eduard Lœwenthal. Grundzuege des inductiven Spiritualismus, etc. Berlin, Siegiesmund, 1888, 15 p. in-8o.

La brochure est petite, mais la question est grosse. M. Lœwenthal nous apporte une cinquième preuve de l’existence de Dieu. On en connaît déjà quatre : la preuve ontologique (l’argument de saint Anselme), la preuve cosmologique, la preuve téléologique, la preuve morale. Aucune n’est recevable, selon M. L. Reste la preuve cosmo-physiologique, qui lui paraît décisive, et qu’il expose en ces termes :

« Comme il est impossible que de l’inférieur sorte rien de supérieur, que ce qui est impliqué dans le premier comme puissance embryonnaire, comme germe, c’est-à-dire ce qui y fut déposé à l’origine par une puissance plus haute, ainsi les phénomènes et les êtres qui nous entourent, aussi bien que les germes qui en sont le fond, ne sauraient être venus de rien, ni sous l’influence d’une forme de l’être supérieure et plus parfaite. Il nous faut donc accepter nécessairement l’existence d’une source de l’être plus haute, et y ramener l’origine et le développement du monde des phénomènes, de telle sorte que l’évolution de l’inférieur au supérieur nous apparaisse comme une suite déterminée d’émanations de la plus haute source de l’être, et la tendance à s’en rapprocher. »

M. L. a choisi cet argument pour point de départ d’un « spiritualisme inductif », dont il nous révèle les traits fondamentaux en quelques pages.

L. A.