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ANALYSES.h. druskowitz. Zur Begrundung, etc.

de la nature et pénètre cependant toute la nature ; » un Dieu, enfin, qui ne saurait être l’objet d’un culte ou d’une prière idolâtriques, mais qu’il nous faut adorer, selon la grande parole du Christ, « en esprit et en vérité ».

L. A.

H. Druskowitz. Zur Begrundung einer ueber religiosen Weltanschauung (Une vue du monde au delà de la religion).

Eugen Duhring. Eine Studie zu seiner Wurdigung. (Heidelberg, Weis, 1889. 53 et 119 p. in-8o.)

M. D. nous donne en même temps ces deux écrits. L’objet du premier (édition nouvelle de Zur neuen Lehre) est de fonder une vue du monde comportant le sentiment religieux, ou plutôt une doctrine des choses qui serait supérieure au point de vue des religions existantes.

L’idéal de notre doctrine, écrit M. D., est d’accorder la raison avec le sentiment. Elle ne se résoudra pas dans la morale, où beaucoup de philosophes trouvent un équivalent de la religion ; la morale n’en sera, au contraire, qu’une dépendance. Notre état le plus parfait serait de connaître les choses premières, de saisir « tout l’être » avec notre pensée. Si nous ne possédons pas pour cela les facultés nécessaires, ne peut-on admettre cependant qu’il existe en nous des forces latentes, encore endormies, qui nous approcheraient un jour de cet état plus parfait ? La théorie de l’évolution nous autorise, selon M. D., à nourrir cette espérance. Elle nous enseigne, en effet, que le supérieur est sorti de l’inférieur, que l’intelligence peut s’accroître dans un organisme physiquement le même ; et que l’homme serait, par conséquent, capable de se dépasser soi-même. Nous aurons encore un motif de l’espérer, en considérant l’inquiétude où il demeure après tant de découvertes faites et son aspiration sublime vers une vie plus haute.

« Une grande partie du progrès à accomplir, continue M. D., ne saurait être obtenue que par de petits avancements dans l’organisation spirituelle de l’homme, qui sont tout à fait hors du domaine de son effort conscient ; de même que la pensée qui brille dans le génie, et produit, lorsqu’elle se manifeste, une élévation générale de la conscience, sort librement des profondeurs de l’esprit. Mais, avant que ces forces supérieures entrent et puissent entrer en action dans l’homme, il faut que les plus puissants efforts aient été faits dans le champ intellectuel et moral, efforts qui nous permettront ensuite de parvenir à ce degré plus haut de l’existence, et tel qu’il n’est plus pour nous un objet d’espoir, mais aussi, en un certain sens, le but de notre labeur. L’homme, sans doute, aura dû tirer tout le parti possible de ses forces connues, avant que de nouvelles naissent en lui. Celles-ci seront une faculté plus riche de percevoir et de concevoir, embrassant tout le contenu du monde, tandis que rien ne serait perdu, pour l’avenir, de notre conscience esthétique et morale. »