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taille plus ou moins grande, qui sait résister au froid et à la chaleur, adapter notre corps aux différentes circonstances. C’est lui qui détermine nos sentiments, la gaieté ou la tristesse, les sympathies et les antipathies ; c’est lui qui possède et qui garde précieusement les idées persistantes, les impressions trop nombreuses pour être perçues par la conscience, les idées morales, les résolutions, les dispositions au travail ou à la paresse, etc., etc. Il travaille lentement, mais sûrement, avec une force et une ténacité incroyables ; il a quelquefois des intuitions merveilleuses et une sorte de prévision de l’avenir. Cependant il est aussi susceptible de tomber dans l’erreur et il prend souvent de mauvaises habitudes qui sont l’origine de toutes les maladies et de tous les vices.

C’est ce personnage inconscient qui apparaît dans les rêves du sommeil normal ou dans le sommeil chloroformique. C’est à lui que l’on s’adresse pendant l’état hypnotique complet quand l’être conscient est endormi. C’est encore lui qui nous obéit dans « l’hypnotisme latent », quand l’individu devient suggestible sans être véritablement endormi. Il faut lui donner dans ces moments de bons conseils qui amèneront la santé et la moralité de l’individu total. M. le Dr Coste donne à deux enfants qui sont trop petits d’excellents avis pour les faire grandir : à la petite fille il recommande de penser à sa maîtresse de chant qui est fort grande et de l’imiter ; au petit garçon, il conseille de faire des mouvements « centrifuges » et de penser à son professeur d’allemand qui est de taille élevée. L’auteur pense aussi que l’on pourrait user de la catalepsie pour développer la force des muscles et même la force de l’intelligence. Malheureusement, il ne nous indique pas avec précision les résultats pratiques qu’ont eus ces bons conseils. On peut aussi, selon lui, faire des suggestions relatives aux devoirs moraux à accomplir, et nourrir l’esprit inconscient d’aliments convenables. On retrouve cette docilité de l’être inconscient dans beaucoup de circonstances : les prisonniers maintenus dans l’isolement, les pénitents qui vont à confesse, les croyants au spiritisme, les malades qui sont guéris par le massage ou la métallothérapie, nous en offrent de nombreux et frappants exemples.

D’après ce court résumé, il est facile de voir que M. le Dr Coste expose à son tour des idées très répandues sur la nature de l’hypnotisme et des actes suggérés. Cette théorie a été depuis quelques années présentée très fréquemment dans divers journaux anglais, dans les revues scientifiques françaises, et, ici même, elle a donné lieu à beaucoup de discussions et d’interprétations différentes. Le caractère le plus frappant de cette nouvelle expression est, si j’ose ainsi dire, la confiance de l’auteur ; il n’y a dans ce livre aucune démonstration ni aucune discussion ; il n’y a pas une allusion aux différentes formes que cette thèse a déjà prises ni aux difficultés de toutes sortes qui ont été signalées : l’auteur se contente d’exposer comment les choses doivent à son avis se passer. Je souhaite pour ma part qu’il ait raison,