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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Paul Tannery. Pour l’histoire de la science hellène. 1 vol.  in-8o de 396 pages. Paris, Félix Alcan, 1887.

Ce livre traite des anciens physiologues grecs, Thalès, Anaximandre, Xénophane, Anaximène, Héraclite, Hippasos et Alcméon, Parménide, Zénon d’Elée, Mélissos, Anaxagore, Empédocle. Il débute par une étude sur les doxographes grecs et sur la chronologie des physiologues, et il se termine par un appendice sur l’arithmétique pythagoricienne. On le voit, sauf quelques additions, il se compose des articles que l’on a lus avec tant d’intérêt dans cette Revue, et qui comptent parmi les plus savantes et originales dissertations dont les théories antésocratiques aient été l’objet. Lorsque parurent ces articles, on se demandait s’il en sortirait un livre. L’auteur lui-même ne les donnait que pour des monographies, et les publiait au hasard de ses recherches sans les enchaîner entre elles. On y reconnaissait bien une unité d’esprit, mais on ne démêlait pas un plan déterminé. Le plan, toutefois, existait : le livre d’aujourd’hui en fait foi. Très naturellement, ces monographies, remaniées sans doute dans le détail, mais demeurées identiques dans le fond, rangées simplement suivant l’ordre chronologique, se sont ordonnées en un tout harmonieux. Elles nous offrent, ainsi réunies, ce qu’on ne trouve jamais nettement dans les traités classiques d’histoire de la philosophie : l’image d’un progrès continu. Non seulement l’auteur a mis l’ordre et la clarté là où régnaient la confusion et l’incertitude, mais il a démêlé une unité interne et un rapport précis de développement entre des doctrines que l’on considère en général comme discordantes et contradictoires.

À quoi l’auteur doit-il un si beau succès ? À sa méthode. Comment procède-t-il donc, et comment a-t-il trouvé le moyen d’innover d’une façon si remarquable en des matières si rebattues ?

M. Tannery nous dit que son changement de méthode tient à l’objet nouveau qu’il a en vue. Je m’occupe, dit-il, de déterminer les origines de la science en général. Pour une telle recherche, je ne puis me contenter des expositions courantes relatives aux théories des anciens physiologues. Ces expositions ne présentent pas seulement les imper-