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de voir qu’elle avait quelque chose de général, c’est-à-dire, en somme, d’analytique et aussi quelque chose de concret, c’est-à-dire de synthétique, mais on ne peut parler évidemment à propos des conceptions de l’enfant ou de l’homme primitif de synthèse abstraite, comme celle par laquelle nous nous représentons, par exemple, le fonctionnement général d’une société, ou de cette analyse concrète qui nous fait décomposer un objet eu éléments réels. Ces opérations exigent un développement d’esprit déjà considérable.

En somme dans ces conceptions, dans ces représentations primitives, les phénomènes, les qualités semblent être agglutinés sans ordre, — et en cela ils ont quelque chose de concret et de particulier d’autant plus qu’ils tendent à se joindre, pour se concréter encore plus à d’autres conceptions prises en général parmi les plus habituelles et surtout parmi les plus importantes ; — mais d’un autre côté les concrétions ainsi formées ne sont pas stables, de plus les conceptions, les représentations sont maigres et peuvent s’adapter à un certain nombre d’autres complexus différents : en cela elles ont quelque chose d’abstrait et de général. Peu à peu les éléments deviennent plus facilement séparables, l’analyse devient plus aisée et plus fixe, d’un autre côté un plus grand nombre d’éléments peuvent se systématiser et entrer dans une même combinaison ; la combinaison elle-même est plus stable, parce qu’elle se forme d’après l’expérience et dans un esprit de plus en plus formé par l’expérience. C’est ainsi que l’homme apprend peu à peu, et que nous avons, nous-mêmes, appris ce que nous savons. Nous pouvons nous rendre compte de ce double travail d’analyse et de synthèse en nous rappelant l’évolution de nos connaissances et de nos idées. Ce double travail d’analyse et de synthèse suppose une abstraction et une généralisation croissantes.

II

Les formes inférieures de l’abstraction.

§ 1.

Les formes inférieures de l’abstraction forment plusieurs types qu’il nous faut examiner. D’une manière générale, elles sont caractérisées par ce fait que deux conceptions, deux idées, deux tendances sont associées l’une à l’autre, mal à propos, par l’intermédiaire de certains éléments qui entrent dans chacune d’elles et qui ne peuvent se séparer des autres éléments de l’une ou de l’autre, de manière à leur laisser un jeu libre et précis. Par exemple, l’idée du soleil sera