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sions invariables d’un espace impénétrable au rayon invariable de la sphère tactile est à admettre. On remarquera cependant que les qualités à attribuer aux rapports des causes externes entre elles sont toujours celles qui sont définies par nos perceptions ; et, du reste, comment en serait-il autrement ?

Que deviennent, pourrait-on dire, en se plaçant à ce point de vue, les propriétés exclusivement objectives de la matière, les lois de la mécanique, de la physique ? Si la notion d’espace à trois dimensions est le résultat de notre réceptivité, elle est, en quelque sorte, une perspective qui nous est imposée, hors de laquelle nos perceptions n’existent pas. D’où vient que cette perspective nous donne cependant en vraie valeur les éléments des phénomènes ? Une loi telle que la gravitation par exemple expliquerait-elle les mouvements des astres par une déduction logique, si les trois dimensions ne régissaient pas, pour la matière elle-même, les conditions de son existence. Il est permis de répondre que les conditions de notre réceptivité sont sans doute étroitement liées aux conditions des actions réciproques des portions de matière que nous connaissons. La force et le mouvement d’une part, le vouloir moteur perçu ou sensation de mouvement de l’autre, sont au dehors et au dedans de nous des phénomènes présentant trop d’analogie pour que les conditions générales de leur production ne soient pas supposées identiques. On peut aussi penser que certains phénomènes d’un ordre supérieur pourraient dépendre de propriétés de la matière dont les trois dimensions de nos sens ne règlent pas toutes les manifestations.

L. de la Rive.