Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVII, 1889.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée
432
revue philosophique

torique du positivisme, au moins en ce qui concerne la subjectivité, la variabilité et la relativité de toutes les perceptions, dans les doctrines que Platon attribue à Protagoras, examine les Berichte des Platon und Aristoteles über Protagoras de Halbfass et les Antisthenica de Dümmler, qu’il compare aux Recherches de Natorp sur l’Histoire du problème de la connaissance dans l’antiquité. Il conclut, avec infiniment de raison, qu’une recherche impartiale, strictement philologique, sur le caractère et l’étendue de la doctrine authentique de Protagoras, ne paraît nullement superflue.

Poske. L’origine empirique et la valeur générale de la loi de la persistance. — Prenant la formule de Newton : tout corps persiste dans son état de repos ou de mouvement égal et rectiligne, s’il n’est pas forcé de changer d’état par une force agissante, Poske en considère surtout la seconde partie et croit qu’elle constitue une maxime qui concerne l’application d’une idée empirique à l’expérience. Il fait de cette loi ainsi comprise un modèle et une norme pour toute expérience et soutient que l’origine empirique n’en exclut pas la valeur aprioristique.

R. de Schubert-Soldern. L’objet de la psychologie et la conscience. — Essai intéressant de psychologie scientifique et partant non métaphysique, qui reproduit souvent assez heureusement quelques-unes des idées exprimées par MM. Taine et Ribot, acceptées par un certain nombre des psychologues français contemporains.

F. P.

NÉCROLOGIE

Nous avons annoncé dans notre dernier numéro la mort imprévue de notre regretté collaborateur M. L. Carrau, professeur adjoint à la Faculté des Lettres de Paris. Très fermement attaché à l’école spiritualiste, mais curieux en même temps des doctrines contemporaines, L. Carrau s’était consacré d’une manière presque exclusive aux problèmes de philosophie morale et religieuse. Dans son premier livre (1870) il étudiait la Doctrine des passions dans l’école cartésienne. Plus tard avec la Morale utilitaire (1875), les Études sur la théorie de l’évolution (1879) et la Conscience psychologique et morale (1887), il entrait dans la critique des doctrines récentes. Le compte rendu de son dernier ouvrage sur la Philosophie religieuse en Angleterre paraissait ici même, au moment où rien ne faisait prévoir sa fin prématurée. Il est mort laissant après lui d’unanimes regrets. Ses amis et ses élèves garderont longtemps le souvenir de cette affabilité, de cette douceur de caractère, de cette tolérance envers toutes les doctrines qui ne lui ont jamais fait défaut un seul instant.

__________________________________
Le Propriétaire-Gérant, Félix Alcan.

Coulommiers. Typ. Paul Brodard et Gallois.