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séparer la grammaire de la logique. Marty traite d’abord de la possibilité et de l’utilité de considérer le jugement indépendamment de ce qui l’exprime (Aussage). Puis il cherche à définir la pensée qui sert de fondement aux propositions impersonnelles : les uns affirment qu’il y a un sujet et soutiennent que le mot impersonnel est inexact ; les autres croient qu’il n’y en a pas. Après avoir rapporté et examiné ces opinions différentes des grammairiens et des logiciens, Marty établit à la fin de son deuxième article que dans les expressions catégoriques, comme A est B, non moins que dans celles qui ont rapport à l’existence (A n’est pas B) l’objet que désigne le nom contenu en elles (formé du prédicat et du sujet) est reconnu par le mot « est », rejeté par « n’est pas ». Un nom, c’est-à-dire un signe qui éveille une certaine représentation et un signe qui exprime que le représenté doit être admis ou rejeté, voilà les parties nécessaires pour toute proposition. Dans il pleut (la pluie est), quoiqu’il n’y ait aucun sujet, il y a un véritable jugement. Les jugements de cette espèce reconnaissent ou rejettent une matière qui n’est pas divisée en sujet et en prédicat, mais n’offrent du reste aucune particularité digne de remarque pour la logique.

Dans un troisième article, Marty passe à l’examen de certaines différences des expressions de la langue (sprachlichen Ausdrücke) et spécialement des propositions (Aussage) qui ne concernent pas les pensées désignées par elles, combat la doctrine de Wundt et de Steinthal sur la signification de la langue, et en particulier de sa forme interne, pour la pensée qui porte sur des concepts, car elle n’est qu’une conséquence d’une confusion de la langue avec sa signification. Et la forme interne de la langue n’est ni la pensée désignée ni son organe, mais simplement un moyen d’aider l’entendement (Hilfsmittel des Verständniss), qui est conditionné par la position particulière de celui qui parle.

Marty consacre un quatrième article, le premier d’une nouvelle série, à l’examen de la nature et de l’origine de cette forme interne de la langue. Ayant fait déjà appel exclusivement à l’expérience dans son ouvrage sur l’origine de la langue (1875), il combat Steinthal et la théorie que ce dernier a soutenue sur ce sujet, dans l’Esquisse de la science du langage et dans l’ouvrage postérieur où il a spécialement abordé cette question.

W. Schuppe. L’Eudémonisme. — Schuppe essaye de mettre en lumière les deux points capitaux de sa théorie, la doctrine de la valeur que quelque chose a en soi (non seulement comme source de plaisir) et l’interprétation de la valeur (Werthschätzung) que primitivement et nécessairement l’on accorde à une chose.

B G. de Gizycki. L’Utilitarisme. — Nous avons analysé et apprécié cet article, en même temps que la brochure de Bergmann qu’il a pour objet de réfuter, dans la Revue philosophique (XX, p. 97 et suiv.)

E. Laas. Nouvelles recherches sur Protagoras. — Laas, qui avait trouvé, pour son ouvrage sur l’Idéalisme et le Positivisme, l’origine his-