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les plus puissants de la théorie de la liberté de la volonté, l’imputation (Zurechnung) et la rémunération (Vergeltung), de déterminer leur véritable rapport avec cette doctrine. Or il a été établi que, si la volonté était réellement libre, il ne saurait en aucune façon être question d’imputation, mais que la connaissance exacte du caractère, comme d’un complexus de forces psychiques constantes, suffit complètement pour en assurer le principe et la base. De même il s’est trouvé que le désir de rémunération (Vergeltungstrieb), qui suppose l’imputation, ne se manifeste que dans les actions motivées. À une recherche plus pénétrante, ce désir se révélait comme le besoin moral de voir seules, mais toujours satisfaites, les aspirations morales ; et ce besoin, qui a beaucoup de choses communes avec la liberté du caractère, n’a rien à faire avec celle de la volonté qu’il exclut plutôt. Ainsi tombaient ensemble et perdus sans ressources les deux derniers appuis de la liberté de la volonté, mais des ruines s’élevait, sur des fondements empiriques solides, une nouvelle construction qui paraît en état d’accomplir réellement tout ce que promettait simplement de faire la doctrine de la volonté libre.

E. Laas. Le Criticisme téléologique. — Laas combat Windelband qui, dans ses Praeludien, a mêlé des éléments kantiens à des éléments empruntés à Platon, à Lotze et à d’autres idéalistes.

K. Lasswitz. Giordano Bruno et l’atomistique. — Lasswitz, qui compare la position de G. Bruno à l’égard de la physique à celle qu’a prise plus tard Gœthe, étudie successivement : 1o le concept du minimum, qui est, au sens le plus large du mot, libre de toute relation quantitative, spatiale ou physique, c’est-à-dire exclusivement un et sans différences ; 2o l’atomistique mathématique ; 3o l’atomistique physique. Puis il critique l’atomistique de G. Bruno, soutient que l’atomistique n’a pas été appliquée par Bruno à l’explication des phénomènes physiques et n’a pas ainsi constitué un progrès dans la connaissance de la nature. Enfin il analyse la curieuse doctrine d’un médecin français, Sébastien Basso, qui l’avait publiée en 1621 sous le titre de Philosophia naturalis, adv. Aristotelem libri XII, in quibus abstrusa veterum philosophia restauratur et Aristotelis errores solidis rationibus refelluntur. Un développement ininterrompu de l’atomistique physique, par les explications tirées des mouvements des corpuscules, nous conduit, dit-il, de Basso à Descartes et à Gassendi.

A. Marty. Sur les propositions sans sujet et le rapport de la grammaire à la logique et à la psychologie. — Marty consacre plusieurs articles aux verbes impersonnels ou aux propositions sans sujet. Comme on définit d’ordinaire le jugement : la liaison de deux représentations dont l’une remplit le rôle de sujet et l’autre celui d’attribut, et que, dans il pleut, il n’y a aucun objet auquel pleuvoir soit attribué, on s’est efforcé de lever cette contradiction : Miklosich a montré, en traitant cette question, qu’il n’est pas aussi facile que le croit Steinthal de