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la rétine, et en outre le mouvement, si malgré tout il se produisait, devrait s’unir avec les autres impressions particulières qui se détacheraient, plutôt qu’avec elle. 4o Autre argument plus puissant, dirigé immédiatement contre la capacité d’effectuer des représentations de mouvement (gegen die Leistungsfähigkeit der Bewegungsvorstellungen) : si à une impression générale, dans laquelle dominent en même temps plusieurs impressions particulières, s’attachent les représentations de mouvement qui dépendent de celles-ci, l’impression générale devrait se différencier en impressions partielles, avec lesquelles alors les représentations de mouvement pourraient spécialement s’unir. C’est demander à celles-ci ce qu’elles ne peuvent exécuter. Et en outre si nous admettons que, selon une différenciation posée de cette manière, les représentations de mouvement soient liées exclusivement à toutes les impressions particulières dont elles dépendent, ces représentations devraient paraître, en raison du mode de leur union avec les impressions, un moyen peu approprié d’assurer aux impressions particulières leurs places différentes dans le champ de vision, ou de les localiser. 5o Pour montrer le défaut de solidité de la théorie du mouvement, il suffit de remarquer qu’il y a des parties de la rétine qui se trouvent trop loin sur le côté pour que nous puissions transformer leurs impressions, par de simples mouvements des yeux, en impressions de la tache jaune. 6o La représentation des différences de l’espace et des directions doit tirer son origine du mouvement. Il faudrait donc que, par un mouvement des yeux, un point de la rétine décrivît réellement tel ou tel chemin ou que toute la pupille tournât autour de tel ou tel coin (Winkel). Mais ce qui est réel, ce sont certains états de sensation déterminés intensivement et qualitativement, qui ne peuvent se rapporter à un espace mesuré que lorsque, l’intuition de l’espace ayant été formée, cet état qualitatif de sensation s’est associé à telle ou telle représentation de l’espace, etc.

Puis, après avoir rappelé les théories nativistiques de Lotze et de Wundt, Lipps donne sa propre théorie de la localisation et des signes locaux qui lui paraît la seule possible, celle que tout concourt à établir et que rien ne contredit.

Borelius. La philosophie de Boström et sa propre dissolution. — Borelius annonce deux volumes des écrits de Boström et examine un certain nombre des travaux de ses disciples et de ses adversaires. Son article contient des renseignements intéressants sur une philosophie qui a eu et qui a encore du succès en Suède.

E. Wille. La doctrine erronée de Wundt sur le concept de l’âme chez Hume et Kant. — Wille avait combattu Wundt qui, distinguant deux grandes hypothèses sur le concept de l’âme, l’une admettant sa substantialité, l’autre son actualité, avait vu dans Hume et Kant deux défenseurs de la seconde. Il avait soutenu que Hume, qui déclare un non-sens l’application du mot Action à une représentation, ne peut