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ou à la différence objective de ces excitations, des impressions ou sensations qui en dépendent, résultent, dans la suite du temps, des coordinations constantes des points rétiniens plus voisins, des séparations constantes des points plus éloignés. Quant au second fait, il s’explique si l’on tient compte en outre de cette circonstance que, en général, des points également éloignés de la rétine sont souvent touchés par des excitations objectivement semblables, et parfois par des excitations objectivement différentes. Pour prouver ces affirmations, Lipps part du concept des signes locaux. Nous sommes forcés de localiser une impression par le lieu réel de l’objet, dont part l’impression. Mais nous ne pouvons être forcés à quelque chose par aucune propriété des objets, si elle n’est pas présente pour nous ou si elle ne se fait remarquer en aucune manière. Il faut donc que, dans toute impression, le lieu réel de l’objet se révèle à nous, c’est-à-dire à l’œil et par l’œil à l’organe percevant ou à l’âme. Mais c’est uniquement par l’intermédiaire des points rétiniens que le lieu peut se révéler à nous. Un point objectif se représente d’après son lieu sur telle ou telle place de la rétine. C’est seulement si la place de la rétine sur laquelle se produit une impression, confère à cette impression, directement ou indirectement, quelque propriété qui la distingue des impressions des autres points rétiniens, qu’on peut comprendre la production de la localisation avec nécessité objective. Cette propriété est le signe local de l’impression dépendant du point rétinien ou plus brièvement le signe local du point rétinien.

Mais on peut comprendre de deux façons les signes locaux. Ou ils s’attachent, originairement et immédiatement, aux impressions des différents endroits de la rétine, soit qu’ils aient pour fondement une constitution chimique différente des points rétiniens, soit qu’il faille admettre une distribution périphérique différente des nerfs, ou enfin une différence dans leur cours central. Ou bien ils consistent en quelques éléments qui ont pris naissance par l’emploi des yeux et se sont associés aux impressions.

Contre la théorie génétique, Lipps dirige un certain nombre d’arguments qui la lui font trouver tout à fait impossible. 1o Nous cherchons à transporter les impressions des objets sur la partie jaune, parce que nous acquérons ainsi des images plus claires et saisies avec une plus grande précision. Mais ce résultat suppose déjà la localisation achevée (fertige). 2o On peut demander s’il y a une raison réelle d’admettre une excitabilité différente pour les diverses parties de la rétine, comme le supposerait la théorie. 3o La représentation de mouvement dépendant d’une impression particulière ne pourrait se rattacher spécialement qu’à une impression relativement énergique, rendue dominante en raison de son énergie, et elle s’y rattacherait d’autant plus sûrement que les impressions seraient plus énergiques. Au contraire, si une impression particulière rentrait dans une impression générale (Gesammteindruck) il n’y aurait aucune raison de la conduire sur le milieu de